Polar et libéralisme
Un bon polar, un vrai roman noir est marqué par la révolte. Contre les injustices. Contre cette société du lucre, contre les puissants qui ne pensent qu’à manipuler et à imposer par la force brutale s’ils ne peuvent faire autrement.
Deux livres récents viennent illustrer chacun de leur côté cet adage. Le premier porte la signature d’un vieux briscard, Donald Westlake. Un de ceux qui ont su transformer la tragédie en farce pour que le rire – le propre de l’homme et plus encore de la femme – incite à la réflexion, au combat. Son dernier opus, « Le couperet » (Rivages/Thriller), pousse jusqu’à la caricature la lutte de tous contre tous, manière de décliner l’impératif de la compétitivité dans la vie de tous les jours. Burke Devore est un cadre supérieur de l’industrie papetière au chômage depuis deux ans. Il a femme et enfant. Le fils devient voleur et trouve, à son grand étonnement le soutien de son père. Les liens sociaux, le consensus nécessaire à toute vie en société vole en éclats. Les valeurs morales ne résistent pas au chômage. Il a un plan pour retrouver un emploi. Simple. Assassiner celui qui est en poste et qui correspond à son profil. Avant, il faut qu’il supprime tous les prétendants possibles, qu’il sélectionnera à l’aide d’un stratagème. Et Westlake de publier et des modèles de CV, et des conseils de maintien qu’aucun chômeur ne peut suivre. Ce qu’il démontre !
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