Regards sur les États-Unis, autobiographie de Maya Angelou et le reste

Vivre ! Libre !

Maya Angelou, née Marguerite Johnson dans une bourgade du Sud des États-Unis, vit, dans ce troisième tome de son autobiographie romancée – les souvenirs sont un roman -, dans la grande ville de la Côte Ouest San Francisco. Le titre, traduction littérale de l’original, fait défiler le programme de cette jeune femme, mère célibataire, dans le début des années cinquante – elle a moins de trente ans à la fin du périple – « Chanter, swinguer, faire la bringue comme à Noël ». Un un laps de temps raccourci, elle se marie, se sépare d’un conjoint qui veut la confiner au statut de ménagère, devient disquaire, chanteuse, danseuse et, pour finir, est engagée dans l’opéra « Porgy and Bess » pour une tournée mondiale qui l’éloigne de son fils malade de l’absence de sa mère. Elle culpabilise forcément… . Toutes ces aventures, ces rencontres baignent dans Ia tonalité de la jeunesse, bien rendu par la traductrice Sika Fakambi.

Aucune barrière n’est infranchissable, tout doit arriver sans que, pour autant, elle brise avec ses mémoires. Le blues, le jazz, le calypso, sa grand-mère, sa mère, ses préjugés baignés dans ce Sud fondamentalement raciste restent comme des bornes nécessaires. Elles ne sont pas des freins mais ce passé est un ancrage pour se libérer de toutes les entraves. Au son des mots, musique infernale, elle nous entraîne dans l tourbillon d’un monde marqué par la guerre froide , le maccarthysme et…le be-bop de Charlie Parker surnommé « Bird ». Chantons et swinguons avec Maya Angelou !
Nicolas Béniès
« Chanter, Swinguer, faire la bringue comme à Noël », Maya Angelou, traduit par Sika Fakambi, Éditions Notabilia.

Assassinat dans le Sud
« L’affaire Emmett Till », un dossier complet de Jean-Marie Pottier sur ce crime raciste d’un adolescent noir dans l’Etat du Mississippi, une affaire qui, avec ses rebondissements, hante encore aujourd’hui les Etats-Unis. Emmett, 14 ans en cette année 1955 – la date est importante pour la lutte pour les droits civiques -, était en visite, venant de Chicago, dans sa famille. Un regard, un sifflement réel ou supposé pour une femme blanche dans cette bourgade et ce fut le drame. Deux hommes blancs, de la famille de la jeune femme, sont venus chercher l’ado et… son corps torturé a été retrouvé flottant dans le Mississippi. La justice, dans ces contrées, est marquée du sceau de l’injustice : les deux hommes qui avaient enlevé l’adolescent ont ont été acquittés. Les faits sont restés obscurs. L’auteur en donne une version possible sur la base de témoignages qu’il a recueillis. Description savante et intéressante de la société américaine et pas seulement celle du sud.
John Edgar Wideman, dans « Ecrire pour sauver une vie » – la sienne sans doute mais aussi la notre, il avait le même age que Till – sous titré « Le dossier Louis Till », le père d’Emmett qui avait refait surface au moment du premier procès – Pottier raconte aussi cette résurgence. Louis avait été enrôlé dans l’armée américaine, condamné et exécuté pour viol en 1945, comme beaucoup d’autres GIs Noirs. Louis Guilloux, dans « O.K. Joe ! » (Folio), racontera ces cours martiales partiales qui condamnent sans vraiment laisser de place à la défense, sans tenir compte des circonstances les soldats Noirs et laissent courir les Blancs même si ce sont de vrais tueurs. Le tribunal fort de la condamnation du père conclura la culpabilité de Emmett en fonction de l’adage « Tel père, tel fils », sans coup férir, sans regret et sans compassion. Un jury sans un zeste d’humanité ! Une histoire pas si ancienne qu’elle en a l’air…
NB
« L’affaire Emett Till », J.-M. Pottier, Society/10/18

Qu’est-ce que le be-bop ?
Frémeaux & associés a la bonne idée d’éditer les livrets de la collection « The Quintessence », rédigés par Alain Gerber, les notes discographiques de Alain Tercinet et Daniel Nevers pour faire connaissance avec « L’histoire du be-bop. Il fallait mettre en gros le musicien le plus connu, Miles Davis, même si Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Bud Powell, Max Roach en sont les fondateurs, Sarah Vaughan l’égérie et Thelonious Monk l’éclaireur toujours à l’avant-garde. Un éclairage nécessaire.
NB
« L’histoire du be-bop », Alain Gerber, Frémeaux & associés

Jazz et poésie
La musique des mots peut-elle faire bon ménage avec le rythme du jazz ? Franck Médioni & Eom Buron essaient de le montrer dans cette première anthologie jazz et poésie, « Le nom du son ». Comment faire sonner les mots ? Comment faire naître le swing, musique du cœur disait le batteur Max Roach ? Défis étranges plus ou moins bien relevés par toustes les invité.e.s qui ont comme point de départ la passion du jazz. Une visite par ordre alphabétique permettant le mélange chronologique pour une plongée dans des univers étranges et familiers.
NB
« Le nom du son », F. Médioni & T. Buron, Le Castor Astral