Des nouvelles de Nesbo et la suite des aventures d’espion vues par Semenov

Des histoires au coin du feu
Le temps de cet automne ne dit rien sur l’hiver qui vient. Une saison propice aux contes, aux histoires qu’on se raconte pour se rapprocher d’un feu qui s’éteint. « De la jalousie », de Jo Nesbo, fait partie de cette panoplie. Des nouvelles qui se veulent révélatrices de notre monde, de nos comportements assez semblables finalement malgré les frontières.
Des 7 nouvelles, celle qui sert d’ouverture est la plus violente sur les formes de la jalousie, la plus longue est la plus ennuyeuse, « Déchet » la plus jubilatoire et les autres se laissent lire et pourraient servir oralement en y mettant le ton du conteur.
Nicolas Béniès
« De la jalousie », Jo Nesbo, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Série Noire/Gallimard


Un espion, plus vrai que nature, de Staline chez Hitler

Les aventures de Sterlitz, espion soviétique devenu membre du parti nazi, se poursuivent. Créature inventée par Julian Semenov – grand auteur russe dont la traduction en français est un peu erratique mais représente une découverte majeure -, il permet de pénétrer dans le monde secret de la hiérarchie hitlérienne. Semenov rend tellement vivant ce personnage d’espion – condensé sans doute de plusieurs expériences réelles – qu’il donne l’impression d’avoir existé et provoque l’empathie avec le lecteur.
Pour cet opus, « Opération Barbarossa » – le nom de code de l’invasion de l’URSS par Hitler – , l’auteur nous plonge dans les méandres de la préparation de cette opération secrète. La guerre commence à l’été 1941. Sterlitz assiste à toutes les discussions, fomente des divisions pour retarder l’entrée des troupes allemandes et affaiblir le commandement. Il prévient de l’imminence de l’invasion. Comme Sorgue et d’autres espions soviétiques. Rien n’y fait. Staline n’y croit pas. Le pacte germano-soviétique de 1939 n’était en rien une garantie contrairement à la doxa stalinienne incompréhensible – y compris pour Sterlitz qui sait – en fonction même de la nature du nazisme. .
Semenov décrit par le détail, de l’intérieur du parti nazi, les différentes prises de position, les échanges avec les dirigeants britanniques pour faire vivre, au sens le plus fort du terme, cette histoire connue. Une nouvelle leçon d’histoire à la fois objective et subjective. A se demander parfois si l’auteur n’a pas trouvé le moyen d’être présent lors de tous ces conciliabules, toutes ces intrigues. Du grand art.
Nicolas Béniès
« Opération Barbarossa », Julian Semenov traduit du Russe et préfacé par Monique Slodzian, 10/18