Bonjour,
Suivant les bruits qui circulent, « Le souffle de la révolte » donnera naissance à deux livres. Le manuscrit est trop « lourd ». Il dépasse un peu trop les formats précédents du « Souffle bleu » et du « Souffle de la liberté ». Il faudra donc de la patience et du travail pour l’auteur et l’éditeur. La première sortie est prévue en avril.
Pour attendre, quelques compléments – pour un livre qui tarde, joli retournement – sur les années 1920 en France, à Paris plus précisément.
Alexandre Tharaud, pianiste, a voulu rendre hommage à Clément Doucet et à Jean Wiener, introducteurs du piano jazz, du ragtime en même temps que des compositeurs contemporains comme Alban Berg que leurs deux pianos mélangeaient affectueusement. Dans ce temps là, les frontières n’étaient pas codées, les « Nations » musicales n’existaient pas. Les découvertes multipliaient les vies. Vite s’approprier la nouveauté, vite vivre surtout la nuit. Les frontières commenceront à apparaître dans les années 1930s, années de différenciation entre jazz et musique de variété, sans compter tous les faux débats entre « vrai » jazz et les autres.
La préhistoire du « Bœuf sur le toit », le lieu, ne s’arrête pas là. Comme le raconte Martin Pénet dans le livret qui accompagne le disque, il a fallu l’intervention de Louis Moysès, fils d’un limonadier de Charleville-Mézières, venu se perdre – comme le chantera Jean Sablon – dans la Capitale. Il rachète une boutique, 17 rue Duphot près de la Madeleine. Il s’y vend le « Gaya », un vin de Porto. Fort logiquement, la boutique se transforme en un bar, « Gaya », qui ouvre le 22 février 1921. Schwartz, qui a aidé Moysès dans la création du bar, connaît Jean Wiener qui participe aux diner du « Groupe des Six ». Cocteau demande à Moysès d’organiser chaque samedi des diners économiques pour lui et sa « bande » qui inclut Raymond Radiguet, l’auteur immortel de « Le diable au corps », Picasso, Léon-Paul Fargue, auteur du « Piéton de Paris » publié en 1932, dans ces années il, est surtout connu pour ses poésies dans la lignée de Mallarmé.
Jean Wiener fera la notoriété du lieu associé à un banjoïste Vance Lowry et Cocteau un rendez-vous de tous ses amis qui sont nombreux. Le bar étouffe sous sa clientèle. Il faut changer. Moysès, en décembre 1921, s’installe 28 rue Boissy-d’Anglas et sépare les publics entre le restaurant-cabaret et le bar-dancing ouvert toute la nuit. « Le bœuf sur le toit » naîtra à l’instigation de Cocteau et en souvenir de la pantomime. Des « Jam sessions » seront organisées. La traduction française de jam en « faire le bœuf » naîtra de là.
Wiener n’en reste pas au « Bœuf ». Dés 1921, comme déjà mentionné, il organise des « concerts salades » où se mêlent compositeurs de Broadway, le ragtime, Stravinsky, le groupe des six et beaucoup d’autres.