Musicien de notre temps.
Le pianiste George Colligan fait partie de ces musiciens nécessaires. Il synthétise une grande partie de l’art de ce piano illustré par Chick Corea, Herbie Hancock, McCoy Tyner pour l’énergie avec cette persistance de l’influence de Thelonious Monk. Des études de trompette classique le rapprochent quelquefois de Earl Hines, plutôt comme une ombre qui viendrait, de temps en temps, titiller son jeu. L’apprentissage de la batterie lui donne la possibilité d’utiliser ce piano aussi comme un instrument de percussion. Il arrive à se libérer du rythme pour superposer les mesures à celle du batteur avec qui il tourne depuis 10 ans, Rudy Royston cependant que la contrebassiste – qui commence à être reconnue -, Linda May Han Oh assure le soutien du trio avec un son puissant qui s’impose et en impose.
Pour son 28e album en leader – suivant sa propre comptabilité, Wikipédia en est resté à 23 -, il propose une sorte de nouveau départ. « More Powerful » est le titre qu’il a choisi. Plus puissant sans doute mais sans savoir à quoi il se réfère.
Tout y est, les influences sont multiples et au-delà des pianistes citées. Miles Davis, Wayne Shorter ne sont pas loin, comme la musique contemporaine, Pierre Henry, la musique minimaliste ou mécanique, le rock, le funk… sans oublier le free jazz, Paul Bley et Keith Jarrett… Il arrive à entremêler ce mélange pour lui donner une impulsion étrange et originale.
Cerise sur le gâteau, la découverte, dans certains morceaux, d’une des élèves de Colligan, la saxophoniste ténor et soprano, qui regarde plutôt du côté de Steve Lacy et de la « fusion » que de Coltrane ou Dave Liebman tout en ne craignant pas de les évoquer pour déchaîner les passions, Nicole Glover, à découvrir.
Un des albums qui comptent pour l’année 2017.
Nicolas Béniès.
« More Powerful », George Colligan, Whirlwind Recordings