De la Turquie et de la Russie, un roman écrit en prison et un polar en forme de saga

La Turquie en cellule
« Madame Hayat », le roman de Ahmet Altan écrit de sa prison, est un hymne à la liberté. Le portrait de femme, superbe, est amoureusement décrit. Les yeux du jeune homme sont emplis de ce portrait. Entre deux âges – curieuse expression – elle éclate du soleil de la sensualité. Beauté étrange, elle possède ce pouvoir d’attirer les regards.
Elle représente une métaphore de la Turquie éternelle, celle qui ne peut pas vieillir, résistant à tous les retours de bâton, décidée à se battre pour triompher de toutes les dictatures. La Turquie, soumise à l’arbitraire répressif d’un homme qui veut imposer sa vision à un peuple capable de toutes les révoltes, d’une jeunesse qui veut vivre. Résistance de tous les instants par la plume comme par la parole pour dire la vérité. Fazil le narrateur, se voulait loin de toutes ces luttes mais la neutralité n’existe pas. La répression, arbitraire, peut toucher tout le monde surtout les jeunes considérés comme l’ennemi. L’amour qu’il trouve est un espoir vers la libération pour construire une autre société.
N.B.
« Madame Hayat », Ahmet Altan, traduit par Julien Lapeyre de Cabanes, Actes Sud

Saga de la Russie.
« Le dernier afghan » fait, bien sur, référence à tous ces jeunes gens revenus d’Afghanistan après la défaite, rejetés par le pouvoir qui essaient de se trouver un avenir dans la délinquance, seule porte de sortie. Par l’intermédiaire de ce groupe réfugié dans la métropole de Batouïev. Il se donne le nom de « Kominterm », bureau international, pour développer des activités criminelles. Portraits individuels et collectifs d’une Russie à la recherche d’un maître après la chute du Mur de Berlin. Un peu lourd pour le style, utile pourtant à la compréhension de ce pays. Un travail de sociologue autant que de romancier. Ici, il n’est pas sur que l’amour sauve le monde.
N.B
« Le dernier afghan », Alexeï Ivanov, traduit par Raphaëlle Pache, Rivages/Noir