Cadeaux, cadeaux quand tu nous tiens…

Pourquoi se faire des cadeaux ? pourquoi répondre à cette coutume ? La réponse tient en une sensation : le plaisir. Pas seulement aussi le don. Pour échapper un tant soit peu à la fournaise de la marchandisation. Bien sur les achats dits de Noël peuvent être considérés comme une corvée. Aujourd’hui pourtant la pandémie devrait nous obliger à penser différemment, à chercher des voies de sortie de cette société gangrenée par la nécessité de faire du profit.
Ne boudons pas le plaisir de donner et de recevoir. Pas forcément à Noël! Les propositions qui suivent acceptent d’être offertes à tout moment.
Bonnes fêtes – pas forcément non plus Noël ou le Jour de l’an mais d’autres à construire – contre la pandémie, contre ce monde tel qu’il ne va pas.
Je vous souhaite un lot de petits bonheurs pour cette années 2022 qui se présente pas sous les meilleurs auspices.

Un atlas nécessaire

« Petite histoire des artistes femmes. Chefs-d’œuvre, Grands tournants, Thèmes  », Susie Hodge, Flammarion
Une petite histoire qui veut devenir grande, qui doit devenir grande. Des artistes évanouies qui n’encombrent pas, de ce fait, les encyclopédies souvent monopolisées par les hommes. Une histoire qui met en lumière toutes ces artistes méconnues ou oubliées toujours injustement. elles ont influencé leurs contemporain.e.s et sont présentes dans tous les époques, tous les styles. Il serait temps de construire des récits qui intègrent toute la mémoire de notre humanité. Une petite histoire en complément des autres histoires pour inciter à la découverte. La volonté consciente ou inconsciente de reléguer la moitié de l’humanité dans la nuit du temps nous prive de notre histoire, de notre mémoire. Il faut réunir patrimoine et matrimoine. Susie Hodge en propose les prolégomènes. Un travail à poursuivre.

L’histoire de France revisitée
De temps en temps, il faut bien recoller les morceaux d’une Histoire qui a tendance à s’échapper pour se faire politique politicienne. Vous vous souvenez sans doute de l’appropriation par Sarkozy des Capétiens considérés comme les créateurs de la France. Un roman sans trop de rapport avec la réalité d’une histoire qui ne se laisse pas enfermer dans des catégories ou des notions qui proviennent directement du 19e siècle d’où provient le concept de nation. Et je ne parle pas de Zemmour…
Folio réédite, pour notre plus grand plaisir et connaissance, une collection parue en 2011 sous la direction de Joël Cornette chez Belin. Une maquette originale et attirante pour redécouvrir notre histoire. « 1180-1328. L’âge d’or des Capétiens » signé Jean-Christophe Cassard (1951-2013) répond aux interrogations sur le règne de ces rois qui ont construit non pas une nation mais un territoire et dont les images ont envahi nos livres d’histoire à commencer par Louis IX, Saint Louis pour toustes les élèves. L’Histoire est, souvent, un éternel recommencement avec des points de vue différents mais aussi de nouvelles recherches qui changent notre regard.
« 1453-1559. Les Renaissances » vient illustrer une fois encore ce recommencement. Dates et pluriel attirent l’attention. Philippe Hamon, l’auteur, juge arbitraire la coupure traditionnelle entre Moyen Age et Renaissance. Il insiste plutôt, pour expliquer le pluriel, sur la continuité, sur les glissements progressifs. La lecture traditionnelle n’est pas forcément fausse. C’est tout le débat entre rupture et continuité. Une manière de relire cette histoire qui se croyait connue.
« 1789-1815. Révolution, Consulat, Empire », dernier ouvrage paru, reprend l’histoire de France à partir de la rupture fondamentale que représente la révolution française. Michel Biard, Philippe Bourdin et Silvia Marzagalli abordent les grandes contre-révolutions qui vont du Directoire jusqu’à l’Empire sans rompre avec les constructions nouvelles de la Révolutions. Ils insistent sur la centralisation napoléonienne et non pas jacobine de la France en train de construire une économie capitaliste industrielle que reprendra Napoléon III. Les auteurs, autrice se gardent d’oublier l’histoire culturelle. 900 pages pour chacun.

Sur l’air d’une série
Adrien Goetz propose et préface cette édition, en Folio, des aventures d’Arsène Lupin. « Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur », le premier opus pour présenter le projet et « Arsène Lupin contre Herlock Sholmès » bénéficient de son érudition pour lire différemment ces classiques de la littérature. Maurice Leblanc a créé un personnage défiant toutes les époques. Omar Sy est là pour en témoigner après – et différemment bien sur – Georges Descrières. Arsène Lupin est notre double, notre revanche sur une société inégalitaire. Il est évanescent, caméléon pour infiltrer une société qu’il déconstruit en respectant apparemment ses codes.

Nicolas Béniès