Compléments au « souffle de la révolte », une photo

Bonjour,

« Le souffle de la révolte » est en train d’être « finalisé » – mot étrange qui vient sous la plume faute d’un terme plus approprié. Les photos, la musique est en train d’être négocié. Pas toujours simple. La parution est fixé, nouvelle « dead line » – il faut bien parler anglais pour suivre notre Président – fin juillet au plus tard.

En attendant une photo étrange prise à Harlem à l’été 1958 à l’instigation du magazine Esquire. La photo ci-dessus est extraite d’un CD réalisé à l’occasion de la sortie d’un documentaire réalisé par Jean Bach qui a été récompensée par un Oscar. « A Great Day In Harlem » est à la fois le titre de la photo, du documentaire et de l’album Columbia paru en 1995 qui reprend des thèmes des musiciennes et musiciens présent-e-s dans le film de Jean Bach. Une musique qui a tendance à partir dans tous les sens, qui fait l’intérêt de l’album. En mélangeant les Jazz Messengers qui débute à Gene Krupa et son orchestre pour finir presque évidemment par Thelonious Monk en passant par Duke Ellington, Mingus – présent sur la photo -, Lester Young… En passant, signalons que Charles Mingus composera « Good Bye Pork Pie Hat » en 1959 à la mort de Lester, nom du chapeau que portait le saxophoniste ténor.

La photo, elle, est signée Art Kane. Une sorte de ballade à Harlem un dimanche, 10 heures du matin, le 12 août comme dans l’histoire et le présent du jazz. Un mélange en référence à la « Renaissance de Harlem » dans les années 1920 qui faisait du jazz le singe de ralliement des poètes, photographe et autres créateurs. Harlem était le centre du monde culturel.

Des 57 musiciennes – on voit Mary Lou Williams en train de parler avec Marian McPartland – et musiciens ne restent vivants que deux saxophonistes Benny Golson et Sonny Rollins en juin 2018. (il faut cliquer sur la photo pour voir les noms des musiciennes et musiciens s’afficher en plus grand).

Les générations s’entrecroisent, c’est la beauté de ce geste. L’idée de cette photo a été souvent reprise. Les enfants montrent la nécessité d’un avenir pour Harlem et pour le jazz. Dickie Wells, à l’époque coursier à Wall Street, tromboniste romantique clé, a joué un rôle essentiel dans la réunion de toutes et tous ses couche-tard – par obligation il faut le souligner. De même que le critique Nat Hentoff. Il en est dit-on, qui ont oublié de se lever…
Art Kane les a réunis 17 East 126th, entre la Cinquième Avenue – dites des Américains – et Madison Avenue devant un « Brownstone », une maison typique de Harlem souvenir d’un rêve de construction de logements de luxe cassé par la crise immobilière de 1904.

Esquire publiera cette photo dans son numéro de janvier 1959.

Pour préciser : Jean Bach, productrice de radio et documentariste, a réalisé un film sur la photo qui porte le même titre « A Great Day In Harlem » en 1994. Un vibrant hommage au jazz et à ses représentant-e-s. Elle propose une nouvelle photo sur le même modèle que Art Kane. Là encore les générations se mêlent

Steven Spielberg, dans « The Terminal », fait de cette photo l’élément clé de l’intrigue. Le personnage incarné par Tom Hanks recherche Benny Golson pour avoir un autographe…

Nicolas (à suivre)