Quand un roman noir d’anticipation percute l’actualité de la guerre.
Le titre, « Un escalier de sable », m’avait laissé rêveur. C’est sans doute pour cette (mauvaise) raison que je l’avais laissé de côté. Par hasard, je l’ai retrouvé. Il était enfoui sous une masse d’autres livres plus récents et se trouvait abandonné. Marché sur une pile de livres ressemble à un escalier de sable impossible à franchir. Un escalier en forme de mirage…
Dés les premières lignes, l’actualité vous happe. L’actualité de ce livre écrit vraisemblablement en 2011 ? Totalement. On se croirait dans un reportage sur la guerre au Mali.
Benjamin Legrand dessine un pays qui ressemble à l’Afghanistan – mais toutes les contrées où se produit une intervention militaire ressemble à l’Afghanistan, par exemple le Mali – dans lequel a lieu une intervention « humanitaire » pour reconstruire un pont, conduite par un colonel français avec ses troupes. Il bénéficie de renforts d’autres pays, renforts un peu absents dans le paysage… Chaque détail, chaque scène rappelle l’actualité la plus brûlante. D’autant que les images, les reportages sont interdits. Comme dans le scénario imaginé par l’auteur. Une guerre sans lampions et sans caméra. Ici, c’est un « sniper » qui fait des dégâts et plombe le moral de l’armée. Des portraits de ces engagés tissent le fil de ces vis trop brèves et de cette armée pour le moins étrange.
La lutte n’est pas pour la maîtrise de l’eau – ou pour l’uranium – mais pour d’autres productions… qu’il vous faudra découvrir. Elles sont bien trouvées et toutes à fait plausible… Pour la prochaine guerre.
Un livre « noir » qui se voulait d’anticipation et se trouve au cœur d’un conflit actuel. A découvrir de toute urgence.
Nicolas Béniès.
« Un escalier de sable », Benjamin Legrand, Seuil/Roman noir.