Deux histoires parallèles et pourtant commune
Si on vous interroge sur la colonisation française en Algérie, 1830-1852, la période retenue par Alain Ruscio, les réponses habituelles tournent autour de Bugeaud, général puis maréchal, député, Abd el-Kader – l’émir, image de la résistance – et l’implantation de colons par une politique de massacre des populations autochtones. L’auteur a voulu retracer dans cette enquête historique serrée, au sous titre explicite « une histoire de conquête et de résistance », la bonne conscience des colonisateurs, à commencer par Victor Hugo, qui sont armés du progrès et de la civilisation sans connaître l’histoire et la culture des populations qu’ils veulent asservir. Sans prendre en compte la capacité de lutte des populations qui commençaient à construire un Etat. Une histoire oubliée !
Elle donne l’impression d’être la matrice des guerres de décolonisation. Les gouvernements de la IVe République copiant tous les gestes des gouvernants d’alors : tous les pouvoirs à l’armée, un délégué civil représentant l’Etat sans pouvoir et des morts en grand nombre : pour la période « 400 000 à 500 000 Algériens, soit 10% à 12,5% d’une population estimée à 4 millions de personnes », une énorme perte démographique, du jamais vu. Les traces ne pouvaient être que durables.
Nicolas Béniès
« La première guerre d’Algérie », Alain Ruscio, La Découverte