Les musiques comme facteur de « Transmissions »
Du 7 au 16 juin, l’IMA vit une métamorphose. L’Institut sort de sa léthargie à intervalles réguliers pour faire bouger les piliers de ses fondations. Ils prennent l’air, aborde de nouveaux rivages, accueillent de nouveaux visages venus découvrir des horizons trop souvent présentés comme violents alors qu’ils sont sauvages. Loin de toute représentations racistes, les cultures arabes font la preuve de leur vitalité mais de leur inscription dans une histoire qui est aussi celle de l’Europe. Pour le rappeler, c’est Averroès qui fait découvrir Aristote aux européens. La terre européenne – l’origine des noms en témoigne – a été profondément balayée par les armées et philosophes arabes.
L’IMA fête ses 30 ans – déjà ! – et, pour cet acte 2, laisse la place aux folies de la musique arabe qui se veulent à la fois culture savante et populaire. L’influence de ces musiques est sensible sur toutes les autres cultures. Le jazz l’intègre pour retrouver une partie de son histoire, de sa force dans sa capacité à faire bouger les corps et les esprits mais aussi la variété qui puise dans ce vivier toujours renouvelé.
Les « Arabofolies », une série de concerts, de conférences – une traitera du… foot mais féminin et palestinien -, même un film (« Dancing in Jaffa »), une performance réunissant ceux et celles qui ont vécu la guerre autour de 7 récits et un forum (« Digitalisation en cours, les défis de l’information 2.0 ») pour appréhender la puissance des compositeurs, des musiciens d’aujourd’hui bousculant la tradition pour faire vivre le patrimoine de leurs pères pour trouver leur propre voie. La répétition n’engendre que l’ennui partagé. La création est la seule façon de permettre à l’héritage de se transcender.
Sous l’intitulé « Transmissions », l’IMA propose de visiter ces cultures musicales, littéraires en particulier. La musique est essentielle à la transmission. Elle fait la part belle à l’oralité, comme les contes souvent revus et corrigés par les conteurs successifs manière de raconter l’actualité sans le dire. Le récit inscrit le passé dans l’avenir à la différence du roman qui nous enferme dans un passé repensé.
Ces musiques classées trop souvent dans une catégorie étrange « Musiques du monde » – quelle musique n’est pas du monde ? – ne se laisse pas enfermées dans des catégories organisées par le marketing, par la marchandisation du monde. Elles éclatent, renversent tout sur leur passage. Elles passent par le mariage avec le rap, l’électronique pour permettre à chaque génération de découvrir ses racines, de se situer dans une histoire millénaire pour refuser tous les préjugés et se lancer dans le monde.
Dans ce mouvement d’appropriation, il faudra aussi découvrir des régions, des contrées trop peu souvent visitées. Les paysages sont partis-prenantes de notre construction d’être humain. L’environnement forge une communauté d’esprit qui se traduit dans des cultures spécifiques.
Le samedi 15 juin de 16h à 17h30, dans la salle du haut, au niveau 9 avec une vue époustouflante sur Paris, un atelier hip-hop pour s’initier à cette danse ouverte à toustes et gratuit à condition de s’inscrire sur www.imarabe.org. Les enfants sont les bienvenus.
Pour le reste, les surprises seront au rendez-vous. Ces musiques font partie de notre actualité.
Pour le lancement, grand bal – il faut renouer avec les bals, avec le collectif – de 21h30 jusqu’à l’aube pour faire renaître le plaisir du corps en mouvement, pour se retrouver ivre de cette rencontre avec l’autre, dans une harmonie des mouvements induits par la musique. Clôture le 12 avec 30 musiciens pour se retrouver avec la musique arabo andalouse, musique de nos pères, musique qui a laissé des traces chez tous les compositeurs au fil de tous les temps.
Nicolas Béniès
Institut du Monde Arabe, du 7 au 16 juin, rens. www.imarabe.org