Trombone, il t’aime.
Max Von Einem, 28 ans, tromboniste résidant actuellement à Cologne (Allemagne) a participé à tos les big bands que compte son pays. Pour y faire ses classes et déclarer son amour pour cet instrument étrange qui, en Allemagne, a connu des développements inédits via notamment Albert Mangelsdorff. Einem ne renie pas cette filiation.
Pour cet album, « Lamara », il a constitué un quartet pour mettre en valeur le trombone. Un pari difficile. Il faut faire preuve d’idées, de virtuosité pour éviter de lasser l’attention. Il multiplie pour ce faire les ambiances, les références aux musiques. Il affirme que le « jazz n’est pas old fashioned », dépassé et il faut le répéter. Le jazz reste une des musiques fondamentales de notre temps même si, actuellement, il a du mal à s’outrepasser. Il l’avait toujours fait dans le passé. Depuis les années 1980, il subit une sorte de coup d’arrêt à son expansion. Une sorte de stagnation bien en phase avec la croissance zéro…
Mais le jazz se doit de combattre toutes les frontières a priori entre les genres. De tout temps, le jazz a su s’abreuver aux autres musiques. Aujourd’hui les musiques dites du monde ont tendance à phagocyter le jazz. Max Von Einem essaie de rétablir une sorte de primauté du jazz. Tout en lorgnant vers la musique contemporaine et même la musique contemplative, la musique minimum chère à Steve Reich pour tenter de se construire. Comme beaucoup de jeunes musiciens d’aujourd’hui, il ne veut rien se refuser.
Il n’évite pas l’ennui de l’eau qui coule – nous aurions préféré les chutes, les inondations, les torrents plutôt que cette eau calme – mais sait se rattraper à toutes les autres branches d’un arbre nommé trombone. Il en est visiblement tombé amoureux. C’est presque l’essentiel.
Il fait souvent la preuve de sa vitalité, de son exubérance presque à l’image de sa chevelure. Lucas Leidinger au piano et aux claviers, Juan Camillo Villa à la basse et Rodrigo Villalon à la batterie – jouée comme un instrument de percussion – installent des climats qui permettent au leader de, quelque fois, s’envoler. Un tromboniste, un groupe « Einem.Art » de notre temps.
Nicolas Béniès.
« Lamara », Einem.Art, Double Moon Records, distribué par Socadisc.