Paris, 1926 et ses folies

Où est passée Ariane ?

Le Paris des années folles cache mal la mort omniprésente combattue à grands coups de jazz, de comédies musicales, de fêtes et de nuits illuminées. En mars 1926, Carnavals. Une troupe de théâtre se produit. A leur tête une figure de Minotaure sollicitée bientôt par un masque d’Ariane. Le fil se tord, introduit un doute et la mort se trompe de cible abusée par le masque. Jeremy Nelson en quête, aidée par Camille et Victor Legris en forme de retour et de legs.
Une sombre histoire de vengeance remontant à la nuit d’un temps déformé. « Qui a tué le Minotaure », dernier roman de Claude Izner, baigne dans une atmosphère étrange, tout en décrivant le Paris des années 1920 de plus en plus lointain et qui, par certains aspects se rapproche.

La légèreté des premières enquêtes a laissé la place à l’odeur de mort qui commence à monter. les nuages noirs commencent à se lever en Europe. L’Italie mussolinienne des chemises noires n’est pas prise suffisamment au sérieux marquent pourtant un tournant dans la situation mondiale. La France connaît aussi la montée des ligues, de la Cagoule. L’extrême droite progresse partout. C’est l’arrière plan de l’intrigue, pas vraiment mise en lumière mais qui alourdit le climat de ces années dites folles. « La nuit pour adresse » avait écrit Aragon sans savoir que la nuit et le brouillard allait s’abattre sur le monde. Le destin d’un monde en train de sombrer résonne plus encore pour les autrices avec la disparition d’une des deux sœurs. Une intrigue qui se dénoue difficilement mais qui pouvait laisser espérer que la mort se voit trompée par un masque, peut-être le sien.
Nicolas Béniès
« Qui a tué le Minotaure ? », Claude Izner, 10/18