Mémoire de 1999

Disque. A propos de pianistes…

Benny Green : These are soulful days, Blue Note distribué par EMI.
Une idée d’anniversaire. Blue Note, le label mythique fondé par deux émigrés berlinois Alfred Lion et Francis Wolff, fête ses 60 ans. Le pianiste Benny Green a décidé de faire revivre, à sa façon, les années « hard bop », celle des Jazz Messengers d’Horace Silver et d’Art Blakey. Le format choisi pour ce type d’esthétique est inhabituelle, piano, basse (Christian McBride) et guitare (Russell Malone). Et ça marche. Il faut dire que Benny Green a de la puissance, de l’énergie, du swing.

L’actualité est ainsi faite que l’on retrouve, chez Verve (distribué par Universal) l’un des inspirateurs, toujours aussi truculent, Horace Silver. Le titre de cet album ne cache pas ses intentions, « Jazz has… a sense of humor ». Pour évoquer ces soi-disant amuseurs – la « critique » les nomme ainsi -, à commencer par Fats Waller, l’un des plus grands pianistes que cette terre ait porté, les femmes que l’on a aimé, celles que l’on aimera, le vin bu et qu’on boira… Bref un hymne à la vie et contre le temps qui passe. Un poil plus jeune que Benny Green.
NB.

Ahmad Jamal à Paris, Birdology/Atlantic distribué par WEA.
Ahmad Jamal, pianiste mythique des années 50 et 60 est revenu récemment sur le devant de la scène, doté d’un style différent parce que le contexte a changé, parce qu’il raisonne au présent et non pas au passé. Il est de son temps, du nôtre. Ce dernier album montre qu’il n’a rien abandonné et qu’il est capable de faire bouger toutes les mélodies, de lui imprimer sa marque. De rejouer Les feuilles mortes sans se citer, en créent encore et toujours du nouveau, en suscitant des interrogations. Ahmad Jamal n’a pas encore trouvé. Il cherche. Et nous avec lui. Avec une grand jubilation qui nous unit.
NB.

Brad Mehldau : Art of the trio 4, Back at the Vanguard, Warner Bros.
Le pianiste dont on parle. Quatrième volume des aventures du trio, avec Larry Grenadier à la basse et Jorge Rossy à la batterie. C’est bien. C’est propre. Sans conteste un grand pianiste. Qui devrait tout de même penser à se renouveler. Le producteur devrait aussi comprendre qu’on ne peut impunément pour un artiste multiplier par trop les albums. Le plaisir pourtant est toujours là.
NB.

Eric Reed : Manhattan Melodies, Verve distribué par Universal.
Si la succession trop rapide des albums de Brad Mehldau vous inquiète, Eric Reed vous indiquera une façon plus « funky » d’aborder le piano, plus en relation avec les racines du jazz. Il revisite New York, plus que Manhattan malgré le titre, puisque Duke Ellington – et Harlem par voie de conséquence y occupe une place. C’est une promenade dans la Ville mais aussi dans l’histoire, manière de conjuguer passé et présent. Une partie de plaisir.
NB.