Sur quelques nouveautés et rééditions en jazz.
Chez Blue Note (distribué par EMI) tout d’abord. Greg Osby, saxophoniste alto, a intitulé son album « Zéro », sans doute pour nous indiquer que c’est un ensemble vide. Il n’a rien dire et en plus il le dit mal.
Kurt Elling en est à son troisième album, This Time It’s Love, cette fois c’est l’amour, pour nous aussi. Il fait penser à beaucoup d’autres, en premier lieu à Mark Murphy – qu’il faudrait bien (re)découvrir1 -, et Chet Baker, tout en affirmant une belle autorité.
Pat Martino est un guitariste qui fait peu parler de lui. Dommage. Il a apporté dans les années 60 une nouvelle façon d’aborder la guitare, utilisant les leçons de Tal Farlow – qui a eu la mauvaise idée de nous quitter ce 25 juillet 1998. C’est un virtuose et un chercheur. Dans ce Stone Blue, il utilise le blues pour rendre compte de la Ville, New York, de ses angoisses, de ses joies, de sa laide beauté comme « la fusion » – un style musical qui a quelque 30 ans – pour faire écouter sa musique aux jeunes générations. Ce n’est pas toujours réussi. Le malheur lui convient mieux pour nous faire partager l’idée d’un ailleurs différent. Il permet de découvrir un jeune saxophoniste – qui a déjà enregistré sous son nom – Eric Alexander.
Le dernier, mais non le moindre, le saxophoniste Joe Lovano en un format dans lequel il est passé maître, le trio sans piano. Ici le contrebassiste est rien de moins que Dave Holland et le batteur, la légende vivante, Elvin Jones. Trio fascination, Edition One – laissant présager d’autres opus – nous laisse cette impression de trop et de pas assez en même temps qui fait qu’on en redemande.
Chez Warner, pour le label Milestone, le dernier Sonny Rollins. Ses concerts, le plus souvent, sont un grand moment, mais ses albums laissent toujours l’auditeur sur sa faim. Comme si Rollins avait besoin du public pour s’exprimer. Celui-là, Global Warning – référence aux revendications écologiques, plutôt sympathique au demeurant – mérite plus encore cette critique. Il donne l’impression d’être resté en chemin, de ne pas vouloir franchir le gué. Comme un cheval qui résiste devant l’obstacle. Bref un album inachevé, bien loin du souffle de Rollins !
Dans les rééditions Blue Note, dans la collection Connoisseurs Cd Series – plus chère par définition, mais beaucoup mieux enregistrée que celle à 59 francs -, c’est le tour du plus oublié de tous les grands musiciens de jazz, Tina Brooks. Son surnom provient de sa petite taille, pour teeny petit, minuscule, mais son jeu de saxophone est celui d’un géant. Il fait partie de la génération de Coltrane, sortant du moule du be-bop pour créer une autre façon d’être au monde. Il se fera bouffer par la drogue et meurt sans avoir beaucoup enregistré. Ce Back To The Tracks de 1960 représente un de ses meilleurs albums, non publié à l’époque pour des raisons indéterminées. L’écouter c’est l’adopter.
Chez Fresh Sound, distribué par Média 7. Le pianiste Brad Mehldau fait beaucoup parler de lui. On oublie trop souvent que sa première chance fut donnée par le Catalan Jordi Pujol pour son label Fresh Sound. En 1993 il fut enregistré – en compagnie de Jordi Rossy à la batterie, Mario Rossy à la basse et Perico Sambeat à l’alto – au « Jamboree », à Barcelone. Un tome 1 était paru du côté de 1994-95, et le tome 2 apparaît seulement maintenant, sous le titre New York Barcelona Crossing. Brad joue mieux actuellement, mais cette rencontre avec les musiciens catalans vaut le détour d’oreille, parce qu’ils savent être à l’écoute.
Columbia (Sony Music) a eu l’heureuse idée de réunir sur un double CD, tous les solos de piano de Thelonious Monk de 1962 à 1968 – décidément une date incontournable. Et on en reste encore sur le cul… Le titre, Monk Alone, évidemment !
Nicolas BENIES.
La vitalité du jazz en France.
Il est partout question de la «crise » du jazz, de sa capacité de faire naître des œuvres d’art. En cela, il n’est pas différent des autres domaines artistiques. Il ne faudrait pourtant oublier dans ce paysage la force des musiques créées en France. Le terme de jazz pourrait ne pas leur convenir… Qu’importe ! Elles existent.
Louis Sclavis est l’un des grands créateurs d’univers. Comme beaucoup d’entre eux, il fait penser à une éponge. Toutes les cultures, toutes les musiques d’aujourd’hui – et même d’hier – sont absorbées pour former un tout appartenant en propre au clarinettiste-saxophoniste. L’essai est quelque fois transformé, d’autres non. C’est le lot de tous les aventuriers. L’important c’est d’essayer, encore et encore. Louis, comme il me l’avait dit, veut épaissir le mystère, le sien comme celui de tout processus conduisant à l’œuvre finale. Dans ce nouvel et dernier opus, Le Phare (Enja, distribué par Harmonia Mundi), il a voulu graver au laser sa rencontre avec le Bernard Strubber – guitariste, organiste – jazztet. Le jazztet est un groupe alsacien qui a visiblement l’habitude de travailler ensemble. Sclavis à la fois détruit le bel ordonnancement et le remplace par un autre, pour les métamorphoser. Cet album donne l’impression à l’auditeur d’assister en direct à cette mue, à laquelle il participe. Le phare, c’est l’ouverture à d’autres horizons, à d’autres cultures, c’est aussi la volonté de percer la nuit, de montrer une route, mais une route de la mer, une de celle qui disparaissent dés qu’elles sont tracées.
Dans le paysage du jazz français l’autre musiciens dont on parle, c’est Manuel Rocheman. Celui là est pianiste et vient de recevoir le prix Django Reinhardt décerné par l’Académie du jazz. A 39 ans, il est enfin reconnu. Son dernier album, Come Shine (Columbia, distribué par Sony Music), vient signaler ses intentions, fusionner tous les styles de piano pour aboutir à un nouveau classicisme, toujours à réinventer comme le fait encore Martial Solal qui fut comme un maître pour lui. A ses côtés, le bassiste tchéco-américain George Mraz, un de ceux qui ont le jazz dans les gênes et pour cette raison employé par tous les grands de ce monde comme de l’autre – il a joué avec Stan Getz notamment – et le batteur, l’un des plus grands dans son domaine, Al Foster. Ils jouent ensemble non parce que le producteur les a payés mais bien par une connaissance et une reconnaissance mutuelle. C’est visible dans leurs concerts. Qu’il ne faut pas rater. Comme cet album.
Deux albums de chevet.
Nicolas BENIES.
Nouveautés et rééditions jazz à la rentrée 1998
Cette rentrée, comme toutes les rentrées, est grosse de nouveautés et de rééditions.
Tout d’abord les deux vedettes incontestées de la scène médiatique – restreinte malgré tout – du jazz. Le saxophoniste ténor Joshua Redman et le pianiste Brad Meldhau enregistrant tous les deux pour Warner Bros. Ils ont débuté ensemble et se retrouvent de nouveau dans le dernier opus de Redman, Timeless Tales, for changing times, contes de la nuit des temps pour des temps en train de changer dans lesquels ils revisitent des standards. Un album de la sérénité, avec un « Summertime » de très belle facture pour fêter le centenaire de la naissance de George Gershwin. Brad, quant à lui, avec son trio – Larry Grenadier à la basse et Jorge Rossy à la batterie – continue de décliner l’art du trio, avec ce Songs. Il arrive, et c’est un tour de force à se renouveler. On se prend à fredonner – faux mais quelle importance – avec eux ces chansons qu’ils nous donnent l’impression de connaître comme si elles venaient de la nuit des temps justement.
Un trio, un autre qui ne dépareille, que Blue Note (distribué par EMI) édite, mais qui a été enregistré en 1995, Prysm. Benjamin Henocq, batteur, Pierre de Bethmann, pianiste et Christophe Wallemme, bassiste, l’air de rien, en donnant l’impression de ne rien bouger, donne un nouvel air à l’art difficile du trio. Bien sur, ils n’oublient pas les références, en premier lieu le trio de Bill Evans, mais ils savent s’en servir pour s’orienter sans copier. Ils devraient aller loin. Ensemble.
Un autre trio, qui n’a plus rien à prouver et qui pourtant veut faire des prouesses. Celui constitué par Joachim Kühn – pianiste et compositeur prolixe – Jean François Jenny Clark – bassiste et « oreille absolue » dont nous saluons le retour – et Daniel Humair – batteur tellement parfait qu’il est difficile de l’écouter – pour ce Triple Entente, EmArcy, distribué par PolyGram. Un peu fatiguant de virtuosité de temps en temps, mais Jenny Clark sait y mettre bon ordre, en semant la confusion.
On l’avait perdu de vue, cette chanteuse qui habita nos nuits dans la fin des années 30 et qui incarna, un temps, le Cotton Club ce club mythique de Harlem tenu par la pègre, Lena Horne. Elle revient pour un album Blue Note (distribué par EMI), being myself, être moi-même, ce qu’elle a toujours réussi de mieux cette fusion d’Africain-Américain et de Native Land – ce terme désignant les Indiens. La voix est usée par le temps qui passe, mais fait passer plus d’émotions, celles de la vie passée et de celle à venir. Elle veut croire que tout est encore possible.
Un pianiste français à Tokyo, qui fait club plein, une illusion ? Pas du tout, une réalité. L’un des pianiste français les plus sollicités qui a pratiqué tout le gratin du jazz à Paris, qui a constitué, jusqu’à la mort du batteur Jacky Saudrais, un trio que l’on croyait éternel, Georges Arvanitas a réalisé ce tour de force en compagnie du batteur Joe Chambers – un des grands aventuriers – et du bassiste Ira Coleman qui a longtemps joué aux côtés de Laurent de Wilde. Une « Rencontre » – le titre de l’album – à la fois avec les musiciens mentionnés, avec le public japonais et avec une « major », Columbia (distribué par Sony Music), puisque le pianiste n’avait jamais enregistré pour une grande compagnie. Toutes ses qualités sont bien mises en évidence, toucher délicat, sens de la mise en place, phrasé… Pour certains cet album permettra de découvrir un pianiste qui se situe dans la grande tradition du Be-bop et qui en sait en sortir…
Marc Ribot – il a un nom français quoique né à Newark, dans le New Jersey en 1954 -, guitariste, s’est fait connaître aux côtés des Lounge Lizards de John Lurie, a décidé de rendre hommage au grand compositeur cubain Arsenio Rodriguez, en compagnie de cubains postiches. L’album Atlantic (distribué par Warner-Jazz), « Marc Ribot y Los Cubanos Postizos », est à la fois émouvant, totalement dans le présent et un peu répétitif. Il permet, malgré tout, de se rendre compte de la place essentielle des musiques cubaines dans la musique et la littérature d’aujourd’hui.
Don Byron, clarinettiste virtuose, sort un album de critique sociale et de poésie rappeuse seulement accessible – malheureusement – aux entendeurs de la langue américaine. Son discours est réjouissant, et le titre même est tout un programme, Nu Blaxploitation – il n’est pas utile de traduire ce néologisme -, pour Blue Note (distribué par EMI). Il pousse même le vice jusqu’à reproduire – vraie ou fausse, je ne sais pas – une interview avec une journaliste qui lui, demande le pourquoi de ce disque, alors qu’il est très peu audible à la clarinette justement. Parce que, est sa seule réponse. Elle suffit.
Ellis Marsalis est pianiste, et le père de Branford et de Wynton – il vient lui aussi de sortir un album, chez Columbia, The Midnight Blues, représentant le volume 5 de ces « Standard time », toujours une aussi belle sonorité et toujours une espèce de vacuité, comment trancher ? -, mais aussi de Jason, batteur de son état. Papa enregistre, comme ses fils, sur le label Columbia (distribué par Sony Music) et fait preuve d’une jeunesse qu’on aimerait trouver chez ses rejetons. Twelve’s it est son dernier album pour promouvoir Jason qui joue ne plus ni moins bien que la plupart des batteurs aujourd’hui. Ce qui en fait un disque trop commun.
Michel Portal, saxophoniste, clarinettiste, joueur invétéré de bandonéon, rencontre le pianiste serbo-croate Bojan Zulfikarpasic, Steve Swallow à la basse électrique, Joey Baron à la batterie, Bruno Chevillon à la basse et Markus Stockhausen à la trompette pour Dockings, réalisé pour Le Label Bleu de Michel Orier, distribué par Harmonia Mundi. Des compositions originales, comme un parcours d’influences et une version à mettre dans les annales d’Ida Lupino de Carla Bley qu’elle a dû apprécier.
Portal a été, un temps, influencé par Pharoah Sanders, un saxophoniste ténor qui s’était fait connaître aux côtés de John Coltrane dans les années 1965. En reste, notamment, un album Impulse !, Live in Seattle. Aujourd’hui Sanders hésite entre la sonorité de Coltrane qu’il a su conserver en la faisant sienne, et la world music dans laquelle il sombre parfois. Son dernier album pour Verve (distribué par Polygram), Save Our Children, les mélange une fois encore. Des thèmes sont difficiles à écouter sans rire, les autres nous touchent par cette sonorité immaculée…
Brian Blade, batteur, fait partie doublement de l’actualité. D’abord parce qu’il participe à l’album de Joshua Redman dont il est le batteur attitré, ensuite pour avoir publié le premier disque sous son nom, Fellowship, pour Blue Note, distribué par EMI. Il nous fait découvrir des jeunes musiciens qu’il serait trop long de citer ici mais qui valent le détour d’oreille et un mustang blanc… Rien n’est trop beau pour l’auditeur. Comme souvent, ils ont du mal à renouveler leurs idées. Tel que cet album représente une bonne synthèse du jazz d’aujourd’hui, à qui il manque un peu de révolte et de mauvais goût – pour prendre le contre pied d’Hegel dans l’Esthétique, réédité en Livre de Poche.
Geri Allen fait partie des pianistes dont on parle. Le Los Angeles Weekly a même prétendu que « she walks on the water », qu’elle marchait sur l’eau. Pour cet album Verve, distribué par Polygram, The Gathering, elle n’a pas marché sur les pierres et coule…
Christian Escoudé, guitariste manouche et charentais, a écrit une suite pour les tsiganes morts au camp de concentration – ce qu’on oublie trop souvent. Gitans qui sont aujourd’hui de nouveau persécutés notamment dans les pays d’Europe de l’Est. Il faudrait pourtant sauvegarder ce pan, cette bibliothèque vivante, de la culture mondiale – et non pas mondialisée. A suite for gypsies est le titre choisi pour cet album Verve/Gitanes Jazz productions (distribué par PolyGram), dont l’ambition dépasse quelque fois les musiciens. Mais c’est une tentative qu’il faut soutenir.
Christian McBride, bassiste, conclura notre petit tout d’horizon des nouveautés. Cet A Family Affair, Verve distribué par PolyGram, se veut un hommage à la musique soul, la musique des années 60 de toute une génération. Mais le passé ne se laisse pas facilement apprivoiser. Il faut le dépasser. McBride et ses compagnons n’y arrivent pas toujours. A quand la musique soul de notre présent.
Les rééditions présentes sur le marché sont réalisées avec soin. C’est le cas des Blue Note (distribué par EMI) dans la série « Connoisseur », un peu plus chère mais la différence s’entend. La publicité est, pour une fois, justifiée. Tous les musiciens de jazz sont sous estimés, nous dit-elle. Mais il en est qui le sont plus que d’autres. Fred Jackson par exemple, saxophoniste ténor qui a réalisé deux albums sous son nom – dont un seul est sorti – et qui a disparu dans le milieu des années 60. Le rééditer est comme une nouveauté. D’autant que le deuxième album est repris sur ce CD, Hootin’ ‘N Tootin’, en même temps que le premier. Une fraîcheur datant de demain d’un saxophoniste qui se situe dans la lignée des grands souffleurs venant du Texas, avec ce qu’il faut de velouté et de velu. Une rencontre nécessaire.
Freddie Redd, pianiste, fait partie des inconnus célèbres. Il a beaucoup composé et fut l’une des vedettes du catalogue Blue Note. Ce Shades of the Redd représente la musique qu’il écrivit pour la pièce The Connection racontant l’attente de cinq musiciens de la drogue que leur dealer doit apporter. Rien de gai. Il est en compagnie de Tina Brooks – réédité lui aussi pour ce Back To The Tracks, dans la même collection, autre sous estimé notoire dont il faut retenir le nom – et de Jackie McLean, saxophoniste alto autant déchiré que le ténor. Une musique qui ne s’oublie pas.
Enfin, il ne faudrait pas oublier ce pianiste de toutes les aventures de ces années 60, que ce soit aux côtés de Charles Mingus ou de Stanley Turrentine, Horace Parlan. Une technique particulière due à une paralysie de la main droite, un sens inné du blues et du gospel, un condensé d’émotions et de swing, tel est Parlan. On The Spur of the moment, est un album qui viendra réveiller la nuit vos pieds pour les taper sur le parquet encore et encore…
Verve, distribué par PolyGram, s’est lancée dans une curieuse politique de réédition. Sous l’intitulé de Verve Elite se cachent des éditions limitées, pour des albums qui n’avaient été remis sur marché depuis longtemps. C’est le cas pour Before Dawn, avant l’aube de Yusef Lateef, saxophoniste et flûtiste, qui commençait à se faire connaître en cette année 1957. Il jouera aux côtés de Cannonball Adderley. Une musique étrange, fortement appuyée sur le blues – le titre éponyme par exemple – et constellée d’influence indienne, de l’Inde ici. Cet album vaut le détour. Il permet en plus d’entendre le tout jeune tromboniste Curtis Fuller.
Le tromboniste et vocaliste Jack Teagarden, qui avait participé aux All Stars de Louis Armstrong, réalisait ce Think well of me, deux ans avant sa mort (soit en 1962) et qui sonne comme un testament. Faut-il penser du bien de Jack ? Assurément. Cet album n’ajoute rien à sa gloire, mais il fait entendre un homme usé par la boisson et qui nous parle, de son expérience et surtout de ses échecs. Et il y en eut beaucoup… Quelques violons viennent ajouter leur grain de sel sous la conduite de Claus Ogerman.
En 1954, qu’est ce qui a pris à Oscar Peterson, pianiste bourré de swing et capable de tout jouer, et à Buddy De Franco, le premier clarinettiste be-bop, de rendre hommage à Gershwin ? On ne sait. Mais cette réédition, Buddy De Franco and Oscar Peterson plays Gershwin, tombe à pic en cette année 1998 qui voit le centenaire de la naissance du compositeur. C’est un peu Straight, surtout au début. Ce qui signifie qu’ils interprètent la mélodie un peu trop comme elle a été écrite au lieu de faire preuve de leurs capacités à improviser. C’est la forme du grand orchestre à cordes qui les enserre dans la partition. Ils arrivent à s’en sortir. La manière dont ils le font permet d’approcher le sens de la définition du jazz, s’outrepasser toujours lui-même…
Le pianiste de Boogie Woogie, un des grands maîtres, Meade « Lux » – pour Luxembourg – Lewis avait enregistré deux 25cm – les plus vieux comprennent – en 1954 et 1955 pour Norman Granz et son label Verve. Le premier avec un trio, Red Callender à la basse et Jo Jones à la batterie, une rareté – avec même un mambo en boogie… – et le deuxième avec le batteur Louie Bellson. Une sorte de découverte…
Verve réédite aussi en des éditions non limitée et moins chères. On trouve un Sarah Vaughan, et je ne sait pas résister à la Divine, surtout quand elle chante Henry Mancini, Sarah Vaughan sings the « Mancini », même si les chœurs sont un peu trop datés. Cette voix là sublime tous les environnements. Oscar Peterson fut touché par la mort du grand pianiste et chanteur Nat King Cole en 1965. Il l’avait été influencé profondément comme on s’en rend compte à l’écoute de cet album Limelight – repris par Verve -, With Respect To Nat. Oscar chante comme Nat. Une oreille inattentive – et même attentive – les confondrait facilement. Il faut avoir entendu Oscar chanter…
Nicolas BENIES.