Le coin du polar

Du siècle de Louis XIII à la Norvège d’aujourd’hui, de Fronsac à Wisting

Un en avant, le passé pour éclairer le présent
« Le mystère de la chambre bleue », qui n’a rien à voir avec la jaune, est une enquête de Louis Fronsac, un héros récurrent de Jean d’Aillon. Un notaire, fils de notaire qui exerce son métier de détective dans un environnement incertain, celui des intrigues de Richelieu – puis de Mazarin – sous les règnes de Louis XIII – l’auteur en donne un portrait plus nuancé que celui d’Alexandre Dumas – et du jeune Louis XIV.
Les aventures de Louis Fronsac, chez 10/18, souffraient de quelques trous. Celle-ci se situe dans le temps avant celle déjà publiées dans cette collection. De ce fait, on se prend pour Cagliostro, l’avenir s’inscrit dans le présent de la fin de règne de Richelieu et de l’émergence du cardinal Mazarini.
Un plus non prévu par l’auteur.
Ce roman permet aussi la découverte de ce royaume de France étrange dans la lutte intestine de la noblesse qui veut conserver son pouvoir et Richelieu qui cherche à imposer la monarchie absolue. Comment naviguer entre tous ces écueils ? Le notaire, se trouve dépositaire de papiers compromettants pour les deux camps…
Bien enlevé, acidulé d’une histoire d’amour impossible et de descriptions de l’environnement ainsi que la réhabilitation de la place des femmes dans la vie intellectuelle.
Nicolas Béniès
« Le mystère de la chambre bleue », Jean d’Aillon, 10/18

Passage de secrets
William Wisting est le personnage récurrent de Jorn Lier Horst, un auteur de polar, norvégien, reconnu dans le monde entier. Wisting vieillit. Sa femme est morte et il essaie d’avoir une vie sentimentale. Sa fille est enceinte et va bientôt accoucher. Dans ces contrées l’hiver dure. Avec le soleil, l’enquête sur la mort d’un chauffeur de taxi non élucidée, la police n’a même pas retrouvé le véhicule, peut repartir. Peu d’indices pour retrouver le corps. « Le disparu de Larvik » ne livrera ses secrets que via la mort d’un trafiquant qui lègue à sa petite fille – une amie d’enfance de la fille de Wisting – sa maison et son coffre. Un passage de secrets difficiles pour la femme qu’elle est devenue qui pense que le grand-père a tué sa mère. Ses hésitations, d’une logique individuelle implacable, retarderont l’enquête.
L’intérêt du roman se trouve aussi dans les réactions de la hiérarchie policière et de l’institution judiciaire dans le refus de considérer les nouvelles preuves de l’innocence du coupable présumé, dans une autre affaire apparemment. Description qui fait froid dans le dos.
Nicolas Béniès
« Le disparu de Larvik », Jorn Lier Horst, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, Gallimard/Série noire