Jazz et écriture automatique

Un projet fou de musique et de cinéma.

Une pochette qui interroge à la manière des créations des surréalistes

Ils étaient deux, trois peut-être. Le pianiste, Stephan Oliva, le producteur, Philippe Ghielmetti amateur de jazz et de cinéma aimant les projets étranges et Stéphane Oskeritzian, monteur en ondes et en images. Un projet fou ? Demander à Stephan d’improviser à partir de mots clés que les deux autres lui révèlent peu à peu. Un procédé emprunté aux surréalistes, sorte de « cadavre exquis » musical.
Le résultat : cinq heures d’improvisation sans relation directe, avouée avec le cinéma. « Cinéma invisible » est le titre de l’album qui s’imposait. Invisible pour le pianiste dans un premier temps, invisible pour l’auditeur obligé de faire appel à sa réserve d’images ou à en forger de nouvelles pour répondre à l’appel de la musique. Le monteur lui a écouté et réécouté pour séparer le bon grain, soit les rushes – pour employer le langage du cinéma -, de l’ivraie, ce qu’il retiendra, les images sonores d’un film à écrire. Qui s’écrit. Le scénario invisible est disponible. Avis aux amateur-e-s.
Les titres du monteur font référence aux mots, aux concepts du cinéma pour donner l’impression de se balader dans une salle de montage. Il est conseillé de suivre les appellations pour comprendre les séquences et rêver d’images qui viennent se coller sur la technique cinématographique.
Un travail collectif qui démontre que Stephan Oliva est un grand pianiste capable de se lancer dans toutes les aventures que le producteur lui propose et que Stéphane Oskeritzian est un fondu du piano et du cinéma. Philippe Ghielmetti, producteur invisible, sait presque tout de tout cet ensemble. Il donne même l’impression de savoir le résultat de cette alliance avant même la réalisation de l’album.
Que cette musique relève du jazz ou d’autre chose – encore que les mémoires du jazz sont présentes, de Bill Evans au free jazz – peu importe. Le résultat est un voyage immobile dans toutes ses profondeurs, dans toutes notre profondeur. A vous de vous faire le film qui convient à cette musique et à vos rêves.
Nicolas Béniès.
« Cinéma invisible », Stephan Oliva/Stéphane Oskeritzian, disponible et à commander sur www.illusionsmusic.fr, 15 euros port payé.