La croissance française sur la sellette

Macron, un décroissant qui s’ignore ?

La croissance française comme celle de l’Union Européenne, est remontée à la fin de l’année 2017. Après 0,7% en 2016, ce fut 2,2% en 2017 pour la France. Cocorico ! L’économie française renouait avec une croissance plus élevée, le taux le plus haut depuis 2011. Une manière de dire pour cacher la réalité de la déflation de 2011 à 2016 et la récession. En fait, 2017 marquait la fin de la séquence ouverte par 2011. Sans résoudre la crise de l’euro qui marquait l’acte deux de la crise financière ouverte en août 2007 aux Etats-Unis. L’Union Européenne, au grand dam de Macron, est incapable de faire face à cette crise qui s’est réfractée sur toute la construction européenne se traduisant par une crise profonde de sa légitimité aux yeux des populations. Crise qui explique, pour une grande part, la montée des populismes comme le montrent les élections en Italie qui ont tendance à raconter notre futur.
Après nous avoir rendu sourds par des titres comme « la croissance se renforce » pendant tout le premier trimestre 2018, l’INSEE comme l’OFCE viennent de publier des chiffres qui indique deux éléments de faiblesse intrinsèque : la consommation des ménages et l’investissement productif des entreprises. Traditionnellement on distingue trois moteurs de la croissance : l’investissement, la consommation des ménages et les exportations. Jusqu’à présent le moteur le plus important pour expliquer l’augmentation du PIB – l’indicateur de création des richesses dans la comptabilité nationale – était la consommation des ménages. L’investissement productif des entreprises souffre d’une distribution des profits trop massive qui permet aux riches d’être encore plus riches mais bloque l’accumulation du capital. Facteur aggravant, la baisse inédite des taux d’intérêt dans les années 2016 et 2017 a permis la hausse de l’endettement des entreprises pour… spéculer sur les marchés financiers. Toutes ces données renforcent le risque d’une profonde crise financière.
Résultat, les conjoncturistes ont cru que les entreprises, face à la nouvelle révolution scientifique et technique, le numérique, allait renforcer leurs investissements et ainsi tirer la croissance. Que Nenni ! Le taux de croissance au premier trimestre 2018 a tendance à diminuer par rapport à celui de 2017. L’explication est dans la baisse de la consommation des ménages qui s’ajoute à la très faible augmentation de l’investissement. Pourquoi cette baisse de la consommation des ménages alors que le chômage semble continuer à décroître ? Par les mesures prises par Macron de diminution de l’APL, des pensions de retraite, des salaires des fonctionnaires et, last but not least, l’élargissement de la précarité et son impact sur les revenus. Cette baisse se poursuivra, le gouvernement fait tout pour faire éclater les statuts, ceux des fonctions publiques et le code du travail. Il envisage même de baisser les allocations chômage.
Le gouvernement ne semble pas comprendre que les riches qui deviennent plus riches ne servent pas l’ensemble de l’économie. Que ceux et celles qui tirent la croissance appartiennent au bas de l’échelle des revenus parce qu’ils sont obligés de dépenser.
Macron est un apprenti sorcier qui voudrait la croissance tout en diminuant le pouvoir d’achat du plus grand nombre. A force de référence aux « supply siders » – l’économie de l’offre -, il ne voit plus le circuit économique sinon il saurait que sans augmentation du marché final, pas d’investissement.
Nicolas Béniès