Vider vos poches (2) Polars Historiques, Florence 1458 ; Paris 1800

Florence 1458

Piero della Francesca est une figure difficile à cerner, faute de détails biographiques avérés. Un appel pour en faire une figure fantomatique de détective, d’enquêteur dans cette Florence du milieu du 15e siècle habitée par le pouvoir de Cosimo de Médicis. Chiara Montani se l’approprie en même temps qu’elle nous propose une lecture de ses œuvres en mettant au premier plan une fresque, qualifiée de « maudite » parce qu’elle a provoqué en son temps l’ire de l’Inquisition. A partir de cette trame, elle développe un complot provenant du fin fond de la mémoire, raconté – c’est une force – par une donzelle démunie d’informations que Piero et son tuteur lui cachent. Lavinia raconte ce qu’elle voit, ce qu’elle apprend de manière naïve permettant à l’autrice tous les renversements de situation pas toujours justifiés.

« Le mystère de la fresque maudite » nous fait entrer dans la Florence des Médicis et de l’Inquisition imbécile, équilibre des pouvoirs toujours remis en cause, toujours en bascule. Etat et Eglise ne parvenant pas à faire bon ménage. Elle décrit l’appareillage des tortures qui oblige forcément l’accusé à se déclarer coupable. Assez curieusement ces instruments de torture se retrouvent dans le roman de James Lee Burke, « Une cathédrale à soi ».
Une autrice à découvrir, comme le monde qu’elle décrit, l’architecture de Florence – elle est architecte de formation – et la manière de travailler comme l’art de Piero de la Francesca.
Nicolas Béniès
« Le mystère de la fresque maudite », Chiara Montani, traduit de l’Italien par Joseph Antoine, 10/18


Paris, 1800

Tristan Mathieu est, paraît-il, le pseudonyme d’un jeune historien. Il faut dire que le Paris de 1800, Bonaparte en qui perçait Napoléon, pour paraphraser Victor Hugo, est en Italie déjà habitué à la conquête. La Révolution a perdu de son charme. Les corrupteurs et corrompus occupent le devant de la scène à commencer par Joséphine de Beauharnais épouse du Premier Consul. La rumeur prend soudain de la consistance. Bonaparte serait mort. L’auteur décrit la panique qui s’empare des institution, chacun.e voulant prendre la place du défunt pour continuer ses affaires à commencer par le frère du futur Empereur. Talleyrand et Fouché vont s’unir pour prendre le pouvoir face à cette disparition. Les descriptions de ces deux protagonistes sont l’un des coups de maître de ce roman, « La main de sang ». L’autre se trouve dans la création de deux personnages dépendants de Talleyrand. L’un qui a fuit la France au moment de la Terreur, Armand de Calvimont, l’autre Julie, descendante d’une ci-devant, pupille de Talleyrand qui se sert d’eux sans vergogne.
Tristan Mathieu a su recréer l’ambiance du temps. De temps à autre, il donne l’impression de réaliser un reportage dans la manière de décrire les événements. Une réussite.
N.B.
« 1800, La main de sang », Tristan Mathieu, 10/18