Stéphane Kerecki se dévoile.

Passions musicales entremêlées.

Stéphane Kerecki, contrebassiste, a des amours partagées. Jazz, pop, rock – tout autant, sans doute que des compositeurs modernes – sans oublier le cinéma et ses musiques. Dans son avant dernier album, « Nouvelle vague », il s’appropriait la période des années 1960, révolutionnaires s’il en fut, qui avaient changé à la fois notre regard et nos habitudes. Pour son dernier opus, « French Touch », il se penche avec amour vers la musique électronique des D.J qui composent des environnements étranges et souvent douillets capables d’envahir l’oreille comme celles de AIR, Daft Punk et de quelques autres.
Si cette musique vous est étrangère – il est toujours possible de risquer une oreille sur le Net, c’est nécessaire pour savourer le travail d’arrangements -, vous apprécierez simplement les thèmes chantés par le choix de l’acoustique, une manière de défi. La musique y gagne. Les sons électroniques se plient au quartet pour rendre gorge de leur beauté. Les quatre permettent de leur donner, à ces compositions, d’autres couleurs, bleutées.
Le contrebassiste, sonorité ronde et musclée dans la lignée de Jean-François Jenny-Clark, suscite l’émotion dés l’entrée dans cet album. Il parle de lui tout en participant au chant du monde, Individuel et collectif tout à la fois – et non pas en même temps. Un lien mystérieux unit auditeur et musicien pour partager des secrets. Le saxophoniste, uniquement au soprano, Émile Parisien, prend son envol, se détache de ses influences et arrive encore à étonner par sa capacité à se dépasser et à frôler des sonorités inédites. Le claviériste, Josef Dumoulin, entre piano et Fender Rhodes, entre acoustique et électronique, structure le paysage, dessine le contexte tout en offrant un contrepoint au saxophoniste et au bassiste. Le batteur, musicien à part entière, superbe, capable de construire un espace temps spécifique dans lequel se coulent les trois autres. La dernière chose mais non la moindre, c’est l’entente entre les musiciens qui fait du quartet un protagoniste supplémentaire et à part entière pour la réussite de cet album.
Plongez-vous dans « French Touch » sublimée par Stéphane Kerecki et son quartet.
Nicolas Béniès
« French Touch », Stéphane Kerecki quartet, D’Addario