Bonjour,
Une date exceptionnelle due à une erreur de ma part. J’ai cru que les dates des vacances étaient plus tardives… Il faut dire que les dates des sessions ont été fixées en juin.
Peu importe. Je vous convie à un voyage de nouveau dans cette west coast par le biais non plus des images de cette côte ouest, pas plus des polars mais un label créé, en 1952, par Dick (Richard) Bock (1927-1988) et Roy Harte (batteur, 1924-2003, qui a aussi créé Nocturne avec le bassiste Harry Babasin, 1921-1988), PACIFIC JAZZ tel est son nom. Terrific serait quelque fois plus juste (voir l’article sur ce site sur ce label). Roy prêtera les 250 dollars nécessaires pour réaliser la première séance, le premier 78 tours, et un local. L’enregistrement se fera dans l’appartement de l’ingénieur du son Phil Turetsky. Comme pour Blue Note. Les analogies sont multiples dans les histoires respectives de ces labels indépendants.
Gerry Mulligan rencontrera Dick Bock lorsque celui-ci sera chargé de la promotion d’un club, le Haig. Jeru animera tous les lundis soirs. Il y rencontrera Chet Baker et lancera les prolégomènes du pianoless quartet. Il réussira à convaincre Dick Bock de créer Pacific Jazz. Le premier 78 tours – Bernie’s tune sur une face, Lullabye of the leaves sur l’autre) aura un grand succès. Pacific Jazz était lancé.
Il faut se souvenir que Jeru, arrivé sur la Côte Ouest au début de 1952 – au cours de ses errances, il avait rencontré Parker, avait arrangé pour Gene Krupa avec qui il s’était disputé, Elliot Lawrence, Claude Thornhill et le nonet de Miles Davis -, se produira au Lighthouse, un club à côté d’un phare comme le nom l’indique, mais ça ne lui suffira pas ni pour manger ni pour sa créativité.
C’est le bassiste de l’orchestre de Stan Kenton, Howard Rumsey, qui avait eu cette idée. Il en avait fait la proposition au patron du Lighthouse : des concerts tous les samedis et dimanche. Le succès dépassa toutes les espérances. La jeunesse venait en grand nombre…(voir la compilation Saga : « West Coast Jazz Live »). Un extrait des premiers concerts sous l’égide de Howard Rumsey sous le nom de « Howard Rumsey’s Lighthouse All Stars composé, ce 15 mai 1953 de Shorty Rogers, Maynard Ferguson (un canadien) (tp, abréviation de trompette), Milt Bernhardt (tb pour trombone)Jimmy Giuffre (ts, pour saxophone ténor), Frank Patchen (p pour piano, un pianiste qui n’a pas laissé beaucoup de traces mais un pianiste subtil), Shelly Manne (dr, drummer, batteur) pour « Bernie’s Tune » composé par Bernie Miller.
Pour en revenir au pianoless quartet de Gerry Mulligan qui se fait connaître en jouant au Haig’s – un autre club avant de, lui aussi, se produire au Lighthouse. Jeru est déjà connu. Il a été arrangeur dans quelques orchestres et surtout pour le nonet de Miles Davis en 1948. Chet, lui, a été choisi par Charlie Parker pour l’accompagner lors de son séjour en Californie au Berg’s notamment. Il en reste quelques traces…
En 1953, dans le premier disque enregistré pour Pacific du quartet figure ce « Bernie’s Tune », véritable standard des musiciens de la Côte Ouest – tellement que la légende prétend que c’est une œuvre de Jeru, que nenni.
J’ai choisi de vous faire entendre l’autre grand standard de ces années 50 qui collera à la peau de Chet Baker, « My funny Valentine ».
L’album de Chico Hamilton est fait de plusieurs morceaux, le premier enregistré en 1953 et le dernier en 1956 date de parution du LP. Chico, batteur, est en compagnie de Jim Hall pour les faces de 1953 ou Howard Roberts à la guitare. Il faut entendre le jeu subtil de Chico.
D’autres illustreront le parcours de Pacific Jazz. Nous en reparlerons au fur et à mesure de nos pérégrinations. Il faut dire que le jazz se transformera dans les années 1960 et Pacific Jazz comme tous les autres labels encore indépendants en fera entendre les échos.
Je n’ai pas encore parlé de ces grands orchestres de la Côte Ouest – peu Woody Herman pour « Four Brothers » – qu’il faudra entendre, en particulier Stan Kenton (photo ci-contre) trimbalant sa mauvaise réputation de compositeur et d’arrangeur un peu superman avec sa volonté d’aller autre part vers d’autres horizons. Il a ainsi réuni des orchestres de plus sieurs dizaines de particpant-es. Rien ne lui a fait peur, même pas un jeu pompier. Il lui arrive pourtant de swinguer de fort belle façon. Tous ces BB, auxquels il faut rajouter celui de Gerald Wilson et quelques autres – dont Bill Holman, arrangeur étonnant – ont représenté une sorte d’école pour plusieurs générations de jazzmen.
Que cette année 2017 soit une année, pour vous, de rire, de petits bonheurs dans un environnement de plus en plus barbare…
Nicolas BENIES.
Les renseignements proviennent de l’ouvrage de Alain Tercinet « West Coast Jazz » (éditions Parenthèses), Marseille, 1986, du livret détaillé du Mosaic consacré au Gerry Mulligan quartet et de divers autres pochettes.
En bonus – on ne sait pas de quoi – le groupe de Chico Hamilton sur « Tea For Two ».