Voyage immobile.
Une guitare, seule. Que peut-elle nous dire ? Un souvenir de flamenco, un soupir de standards, une réminiscence vivaldienne, de musique baroque ou plus loin encore dans le temps, un voyage vers où ? Vers nos rêves éclatés, détruits ? Vers un monde déjà dépassé, déjà fini ? Ou un futur étrange ?Tout cela à la fois. Philippe Mouratoglou, le guitariste qui se laisse guider par sa guitare, parle d’« Exercices d’évasion » et c’est bien trouvé comme titre pour une volonté de se perdre. De perdre des repères pour faire entrer l’auditeur dans une errance qui lui permet à son tour de rêver. De partir pour ce voyage à la fois si près et si lointain.
Il n’était pas évident de réussir l’évasion. Il y faut une longue préparation. Elle pouvait rater. Ce n’est pas le cas. Ne vous laisser pas rebuter par le sous titre « guitare solo ». Le solo de guitare est comme celui de piano. Si guitare et guitariste font corps, si le musicien sait se battre, le résultat est à la hauteur d’un enjeu qui dépasse les deux protagonistes, celui de transporter l’auditeur.
Prêt au décollage ?
Nicolas Béniès.
« Exercices d’évasion », Philippe Mouratoglou, Vision fugitive, distribué par Harmonia Mundi.