Jazz : retour an 2008

Bon anniversaire.
Ce mois de juillet – le 2 pour être précis – Fritz Jones, plus connu sous le nom de Ahmad Jamal, nom qu’il s’est choisi, a vu son 78e anniversaire et la sortie de cet album « It’s magic ». Il faut le croire, la magie est au rendez-vous. Toute la mémoire du jazz aussi. Mémoire d’une vie qui a vu la gloire et la déchéance. La sienne. Le tout se retrouve transformé en une musique de notre présent. Avec ses acolytes habituels, il fait danser le monde. Qui en a bien besoin !
Ahmad Jamal, « It’s magic », Dreyfus-Jazz.

Rencontres.
Aldo Romano, batteur et compositeur, a réuni pour cet album qu’il intitulé « Just jazz » un curieux quartet. Il retrouve son vieux complice des années de jeunesse – une façon de fêter le 40e anniversaire de mai 68 ? – Henri Texier à la contrebasse toujours tenté par la liberté intégrale et deux jeunes musicien(ne)s Mauro Negri à la clarinette et la saxophoniste alto dont tout le monde, enfin presque, parle, Géraldine Laurent. Une sorte de mémoire du passé et un peu de l’avenir via les deux nouveaux arrivants, une sorte d’acte de foi dans le jazz, dans les joies qu’il a données. Les compositions d’Aldo, plus deux « standards » se veulent aussi des hommages, certains explicites à Roy Haynes, Chick Webb, d’autres moins. Laissez-vous transporter.
Aldo Romano, « Just jazz », Dreyfus-Jazz.


Un vocaliste d’importance.

Andy Bey est des grands musiciens de ce temps. Un vocaliste qui n’a pas de concurrents sérieux, en même temps qu’un pianiste. Il faut aller l’entendre et le voir. L’enregistrement ne dévoile qu’une partie des émotions qu’il véhicule. Cet album permet de le saisir au Birdland – un club de New York – en compagnie de Peter et Kenny Washington, bassiste et batteur connaissant tout de la mémoire du jazz, en 1997 – il a fallu 11 ans pour cette publication sous le label français Nocturne. Nous n’avons rien perdu pour attendre. Le répertoire qu’il nous fait visiter permet une voie d’entrée dans cette culture spécifique, noire américaine – c’est aussi une partie de la notre – qu’il sait faire vivre comme personne. Il faut écouter Andy Bey !
Andy Bey, « Ain’t necesserarily so », Nocturne

Ambiance garantie.
Le temps des Big bands, ces grands orchestres de jazz, semble revenu. Une pléiade de jeunes talents s’y retrouve. Ils ont du mal à vivre, à répéter. Pourtant, ils savent créer des ambiances singulières. C’est le cas de ce « Gros Cube » – décliné en moyen et petit de temps en temps par son chef le saxophoniste Alban Darche. Les musiciens se situent du côté de Nantes pour ce qui est de leur port d’attache sans refuser aucune autre collaboration d’où qu’elle vienne, même de Belgique. Le dernier opus, « Polar Mood » ravira tous les amateurs de polars et de films noirs. Une musique pour un film qui n’existe pas, il suffit de l’imaginer. Une sorte de réussite même s’il faut regretter quelques approximations. Ils ont même créé leur propre label, « Yolk » qu’il faut faire vivre. Ne pas les rater dans les festivals.
Alban Darche & Le Gros Cube, « Polar Mood », Yolk Records.


Prometteur.

Il est rare qu’un trio piano/basse/batterie réussisse encore à nous faire découvrir des routes inconnues. Celui là y réussit. Et il faut le saluer comme il se doit. Faire preuve d’originalité relève dans notre société de barbarie douce où il est interdit de ne pas faire comme tout le monde d’un travail d’Hercule. Jobic Le Masson, pianiste et compositeur regardant du côté de Monk, a décidé de braver le monde, en compagnie de Peter Giron et du grand batteur sous estimé John Betsch, un maître du temps. Le résultat, « Hill » – une colline qu’ils franchissent en nous entraînant vers les hauteurs – est à mettre de toute urgence entre toutes les oreilles et à consommer sans modération.
Jobic le Masson trio, « Hill », Enja distribué par Harmonia Mundi.
N.B.