Jazz : Pour Jaco with love et pour Birelli

Jaco génie de la basse
Sourisse/Charlier, pianiste et batteur, un duo qui a toute une histoire, ont construit leur Multiquarium Big Band, proposent un album, « Remembering Jaco », pour faire renaître l’art vital de ce virtuose de la basse.
Jaco Pastorius est mort à 35 ans tabassé par des vigiles qui lui refusaient l’entrée d’un club. Il n’était sans doute pas présentable et un peu « parti » le rendant coupable sans jugement. Le monde avait perdu sa coloration et un génie. Pour mémoire, Jaco avait fait le son, avec Wayne Shorter, Joe Zawinul et Peter Erskine – invité de cet album, il évoque Jaco – du groupe mythique Weather Report qui avait fait éclater les frontières entre le jazz, la pop et tout le reste.
Comment faire renaître Jaco ? Comment redonner la présence grandiose de ce géant de la basse ? Charlier et Sourisse ont fait appel à Birelli Lagrène qui avait participé à quelques séances avec Jaco et le connaissait relativement bien. Birelli, guitariste extraordinaire qui a mordu à tous les fruits de la musique, à commencer par le jazz manouche, donnait l’impression de s’ennuyer ces derniers temps en ne trouvant pas de nouvelles frontières à franchir. C’est chose faite ici. Il montre que la basse n’a pas de secrets pour lui, qu’il est capable d’évoquer Jaco, de jouer avec son fantôme, de le faire revenir des enfers, de lui redonner toute sa place et de se refaire une santé.
Un album réussi. Il faut dire que l’orchestre fait la preuve de sa cohésion et de sa maîtrise. Une bonne surprise. Un enregistrement qui redonne la foi dans la musique comme remède aux temps troublés.
Nicolas Béniès
« Remembering Jaco », Charlier/Sourisse et le Multiquarium Big Band featuring Birelli Lagrène, Naïve/Believe