Musique spirituelle
La référence évidente et qui poursuit l’auditeur tout au long des compositions de Joséphine Davies est le Coltrane de « A love supreme ». La saxophoniste ne craint pas, comme Coltrane lui-même, de s’introduire dans les blessures d’Albert Ayler. Ainsi elle donne un élan supplémentaire à sa création.
Les titres mêmes tissent les liens de ces musiques qui trouvent leur origine dans l’hindouisme et voudraient faire entrer le monde dans les possibles de la libération, la joie, la compassion, l’affliction pour faire advenir le meilleur.
Une musique qui suppose du temps, le temps d’entrer dans cet univers, le temps aussi du retour sur soi. Il faut souligner la cohésion du trio qui permet l’expression de la saxophoniste pour donner le relief nécessaire à sa musique. Il n’empêche, il arrive qu’un léger ennui affleure, nécessaire peut-être à la méditation.
Nicolas Béniès
« Satori : How Can We Wake ? », Josephine Davies, Whirlwind Records
Retour de la mélodie
Le titre même de ce trio qui regarde du côté de la danse et des musiques qui chantent, a pris comme nom « Trio Grande ». Folie des grandeurs ? Plutôt un jeu sur les mots. Une euphonie, les Etatsuniens en sont friands. Il faut penser « Rio Grande » et induire que les compositions de l’album veulent se promener au fil de l’eau sans frontière et sans murs. Will Vinson, saxophones et piano électrique, Gilad Hekselman, guitares, Antonio Sanchez, batteur, veulent se situer dans la lignée de Pat Metheny et des grands espaces chers aussi à John Abercrombie. Un mélange des musiques du monde – israéliennes ici, italiennes ou latino américaines – dans le cadre du jazz pour un voyage agréable. Il manque juste quelques explosions nécessaires dans le contexte actuel. Tel que ce trio marque une nouvelle direction, celle de la domination de la mélodie, comme un retour… vers le futur.
« Trio Grande », Will Vinson, Gilad Hekselman, Antonio Sanchez, Whirlwind Records.
Retour à la nature
Patrick Cornelius, saxophone alto, après avoir conduit un ensemble de 10 musiciens revient avec un quartet, « Acadia », du nom d’un grand parc naturel dans le Maine aux États-Unis, pour, comme il le dit dans sa dédicace, rendre compte des merveilles et beautés de notre « living planet », une prière pour protéger l’environnement. Le quartet – Michael Janisch, contrebasse, Kristjan Randalu, piano, Paul Wilgen, batteur – déploie tous ses artifices et ses jeux pour nous faire pénétrer dans des espaces qui font reculer l’idée même de frontière. La musique chante la liberté, les ébats des animaux et la volonté de coller à la nature pour retrouver un peu du souffle des origines.
« Acadia : way of the Caims », Patrick Cornelius, Whirlwind Records