Melting-pot musical
Pierre Christophe, pianiste, sait se souvenir de tous les styles comme son maître Jacki Byard – un peu trop oublié – pour faire ronfler le piano, lui redonner sa capacité d’épuiser tous les univers du jazz, du boogie jusqu’aux groupes de Charles Mingus sans oublier les musiques d’aujourd’hui. Une manière d’entremêler toutes les mémoires, toutes les époques pour le plaisir de se retrouver, pour la nécessité de ne pas rompre tous les liens avec le passé.
Il n’a pas choisi la facilité. Le trio qu’il a constitué n’est pas traditionnel. Une basse, Joe Martin, à qui est dévolu le rôle de gardien du temps tout en lui conservant une place de soliste à égalité avec les deux autres, une performance et un saxophone ténor, Joël Frahm, un jeune musicien qui perce sur le scène new-yorkaise très encombrée comme toujours, capable d’évoquer les mânes de tous les grands ancêtres et de laisser percer sa propre sonorité, sa propre capacité à exister.
Le trio se fait volontiers quartet pour rendre vivante la musique composée par Jacki Byard. Une musique qui ne se donne pas l’air mais sait provoquer et titiller le corps et l’âme. Enregistré en public, comme le dit le titre de l’album : « Live at Smalls », un club de New York qui obligé les trois compères à se surpasser pour convaincre l’auditoire américain. Et ça marche…
« Live at Smalls », Pierre Christophe, Camille Productions distribué par Socadisc.