L’Afrique, l’Égypte et la Belgique
Stéphane Galland est un batteur connu et reconnu. Il a beaucoup travaillé sur la musique des tambours, sur leurs voix et leurs secrets. Il a voulu plonger dans le passé à la fois de l’Afrique et de l’Égypte ancienne pour creuser « The mystery of Kem ». Kem, Noir, est le nom porté par le continent africain.
Il a voulu la rencontre entre les rites anciens et le jazz pour forger une forme de la modernité. Collage/fusion pour faire bouger les corps tout en envoyant des messages au cerveau. Il s’est entouré pour réaliser ce projet de jeunes musiciens belges qu’il a fait répéter pour les laisser s’approprier ces codes, ces manières d’être avant la musique. Au fur et à mesure de l’écoute, du déroulement de cet album-concept, le mystère s’épaissit. Si la référence à l’Afrique apparaît clairement dans les premières compositions – la flûte de Ravi Kulur y est pour beaucoup -, elle se fait moins présente ensuite pour laisser place au jazz, un jazz recomposé comme il se doit. La batterie, omniprésente, synthétise toutes les cultures de l’Afrique comme de l’Égypte, de la musique contemporaine comme celle de Coltrane ou d’Albert Ayler. Sylvain Deboisieux, ténor saxophone, Bram De Looze, piano et Federico Stocchi, bassiste savent se mouvoir dans cet univers étrange construit par le batteur.
Malgré quelques baisses d’énergie, « Kem » vous fera naviguer entre présent et passé pour se souvenir de toutes les cultures qui participent à la définition de notre humanité. Une rencontre vitale.
Nicolas Béniès
« Kem », Stéphane Galland, Out Note/Outhere