UIA Jazz du 14 mai 2018

Bonjour,

Nous arrivons au bout du cycle de cette année. Une sorte de conclusion provisoire – forcément provisoire.
Je vous ai présenté le contenu de mon nouveau livre – pas encore paru à ce jour – « Le souffle de la révolte » pour présenter le jazz dans toutes ses dimensions, anti-art par excellence. Il vient des déportations d’esclaves venant du continent africain vers les Etats-Unis pour y constituer la main d’œuvre dont avait besoin les grands propriétaires des plantations dans ce Sud agricole. Déportation massive qui est connue sous le nom de « Traites négrières ». Archie Shepp le racontera à sa manière dans « Le matin des Noirs » – la faute d’orthographe dans le titre original, « Noire », sur l’album Impulse doit être corrigée – extrait de l’album « New Thing at Newport » en compagnie de Bobby Hutcherson au vibraphone, notamment. les souffrances, séparations et mépris allant jusqu’à la mort sont des composantes qui resteront inscrites dans la mémoire collective. Les Noirs ne seront jamais vraiment considérés comme des êtres humains à part entière. Trump en donne la démonstration tous les jours en voulant annuler – « Delete » – toutes les mesures décidées par Obama.
Cette déportation massive fera entrer, dans cette reconnaissance bizarre, la culture des Africains-Américains comme composante essentielle de la culture étatsunienne. (voir aussi les compléments au « Souffle de la révolte »)
Le jazz sera un synonyme d’années folles, de Roaring Twenties marquant de son empreinte toutes ces années 20. La question qui hantait les autorités religieuses et morales – le jazz, musique du diable, pervertissait nos « chères têtes blondes » – était « Comment s’en débarrasser. Ce sera le cas à la fin de ces années. La crise dite de 1929 sonnera le glas de ce début sauvage de cette musique en train de révolutionner le monde.
Le murmure s’amplifiait. « Le jazz est mort » entendait-on d’un ton victorieux, « Le jazz est mort » répétait toutes les capitales du monde. Mort de quoi oubliait-on de s’interroger. D’une époque ? Sans conteste. les années folles se fracassaient sur la crise de 1929. Rien n’allait résister. Ni la société, ni même le capitalisme, sans parler de la démocratie.
Et le jazz ? Il allait renaître de ses cendres transformé. Pour la première et seuls fois de son histoire, il devenait musique populaire. Musique de plusieurs entités. La sauvagerie cédait, malgré elle, la place à des codes pour construire une ère qui se retrouvera en sourdine dans la plupart des blues ou de Rhythm and Blues, musiques populaires qui suivront.
« Swing Craze », la folie du Swing, pour qualifier cette nouvelle ère, celle des Big Bands, qui se traduira aussi par les musicals au cinéma par l’intermédiaire du coule emblématique Fred Astaire/Ginger Rodgers.
Nous allons passer sur la transition qui s’opère de 1930 à fin 1935 pour rester avec les représentants de l’ère du Swing.
A commencer par le Roi, « King of Swing », Benny Goodman. Un Roi contesté mais un Roi, qui sait s’entourer. Fletcher Henderson, l’inventeur du Big Band moderne, deviendra l’arrangeur de l’orchestre, Teddy Wilson, spécialiste des accords de 10e, le pianiste, Lionel Hampton, l’inventeur du vibraphone et Charlie Christian, l’inventeur de la guitare électrique seront également de cette fête en compagnie du batteur Gene Krupa. Soit un orchestre mixte, même si la couleur blanche dominait. Benny prend des risques.
Pourtant l’orchestre qui vend le plus disques est celui de Jimmy Lunceford.

Count Basie et Ethel Waters

Le plus connu, celui qui est resté dan toutes les mémoires – Duke excepté – est celui de Count Basie pour cause de longévité. Lunceford est lui mort en 1947 au moment où l’ère des Big Bands prend fin.
Si l’on e croit le supplément « L’époque » du Monde des 13 et 14 mai 2018 intitulé « Et que ça swingue », le retour du lindy hop – une danse des années 1920 d’origine harlémite – est à la mode dans les soirées « branchées ». Avec cravates, s’il vous plait !
Nicolas Béniès (à suivre)