Ne pas perdre la mémoire…

Mémoires imaginaires ?

« Celui qui disait non » est présenté comme un premier roman. Premier sans doute mais roman ? L’histoire de cet homme, August, qui décide un jour de 1936 de ne plus faire le salut nazi. Il aime Irma que les nazis considèrent comme juive. Cette détermination de « juive » permet un passage dans les textes administratifs du régime nazi. Un examen surréaliste qui compile tous les critères pour permettre de conclure qu’une personne est juive. Le rire est proche du drame.
L’amour, c’est la conviction de l’auteure, conduit à la révolte et, dans le contexte, au camp de concentration. Adeline Baldacchino ne raconte pas, elle vit cette rencontre imaginaire, alimentée par les témoignages des descendantes, les filles du couple comme une polarisation face à la mémoire et à son travail nécessaire. L’une ignore et l’autre se plonge dans son passé. L’objectif de l’auteure dépasse cette histoire pour devenir plus personnelle. Elle voudrait, par cette histoire à la fois d’amour et de filiation mieux cerner… son père qui devient soudain le personnage principal.
Un récit qui touche au plus profond de nous-mêmes. Comment communiquer avec ses ascendants et ses descendants ? Adolescent, la mémoire, le murmure du temps nous laissent indifférents, après, il est souvent trop tard. C’est une des raisons pour laquelle ce récit ne peut laisser indifférent. Personne ne peut sortir intact de la rencontre avec ce couple, avec leurs enfants… et avec l’auteure qui s’est faite enquêtrice d’une mémoire collective.
NB
« Celui qui disait non », Adeline Baldacchino, Fayard