Quand un pianiste rencontre un guitariste…
Ils se racontent des histoires diverses permettant de se libérer de leurs traumatismes ou de se purifier comme le public assistant à leur concert ou à cet auditeur inconnu qui essaie de se délivrer du monde par le biais de retrouvailles – pour reprendre les titres des deux premiers thèmes composés respectivement par le pianiste, Ivan Paduart et le guitariste, Quentin Dujardin. « Catharsis » nous proposent-ils. Titre de cet album pour attirer notre attention soit sur Aristote qui parlait d’un « effet de purification » ou sur Freud pour indiquer une décharge émotionnelle libératrice, soit dans les deux cas quelque chose qui s’apparente à la relation entre les auditeurs et les musiciens. L’effet produit est de l’ordre de la communion.
Les musiques convoquées partent de tous les sens et sont ordonnées pour créer un espace spécifique de rencontres. Il faut dire que les talents réunis de Bert Joris à la trompette, de Olivier Ker Ourio à l’harmonica n’y sont pas pour rien. Richard Bona ajoute un grain de sel inutile à « Catharsis » justement et Manu Katché est un grand batteur mais de rock, un batteur de jazz aurait été préférable pour donner de l’élasticité à ces musiques.
Ces réserves mises à part, cette rencontre entre le pianiste et la guitariste – que plus de 10 ans séparent – prend une forme de réussite. Le charme opère. Ivan Paduart montre ce qu’il doit à Bill Evans via Fred Hersch – auteur des notes de pochette – tandis que le guitariste ouvre le jeu par des références multiples qui sortent du cadre strict du jazz encore que Pat Metheny ou John McLaughlin ne sont pas loin.
N’hésitez pas. Entrer dans cette catharsis nécessaire face à l’angoisse d’un monde qui n’a plus vraiment de repères.
Nicolas Béniès.
« Catharsis », Ivan Paduart et Quentin Dujardin, Mons Records.