Un son de groupe pour une musique du temps.
Manu Katché est batteur. On l’aurait oublié. Ce serait dommage. L’un des plus grands percussionnistes d’aujourd’hui. Plus que batteur. Il ne possède pas – ce n’est pas son « truc » – la pulsation ternaire des batteurs de jazz. Il est plus influencé par le jeu des percussionnistes de l’Europe du Nord qui entourent Garbarek – on y pense forcément parce que le saxophoniste du groupe Tore Brunborg s’y réfère explicitement – ou des derniers groupes de Miles Davis, là c’est la sonorité de la trompette de Luca Aquino qui construit cette présence que par les groupes de jazz.
Ce « live in concert », au New Morning », est une fin de tournée. On comprend pourquoi le groupe sonne aussi soudée. Les solos s’enchaînent en une harmonie dont on a un peu perdu l’habitude tellement les enregistrements ne sont plus la préoccupation première des musiciens.
Si vous aimez ce genre de musique, cet album est construit pour vous. Une sorte d’aboutissement. Le pianiste réussit à sauver l’âme du jazz en introduisant dans ses solos des citations de standards et, malgré le batteur, l’essentiel de la pulsation du jazz. Tellement qu’il fait s’arrêter – pour un temps ! – Manu Katché. Retenez son nom, James Watson. Élémentaire.
Nicolas Béniès.
« Live in concert », Manu Katché, ACT/Harmonia Mundi.
Le groupe sera de nouveau en tournée à partir de janvier 2015.