Une nouvelle Grande détective.
Jane Casey, auteure née à Dublin, s’est fait connaître en 2011 en France par « Ceux qui restent », une enquête sur une disparition et les souvenirs d’une sœur traumatisée par cette absence.
« Par le feu », son deuxième roman, inaugurait une série, celle des enquêtes de Maeve Kerrigan, lieutenant de police de Scotland Yard à Londres. Cette nouvelle grande détective tient de l’auteure. Elle est née en Irlande, a fait ses études à Oxford et vit à Londres. Elle n’est, de ce fait, ni irlandaise – elle ne parle pas la langue – ni londonienne. Les exilés partagent la même ambiguïté, ils ne sont chez eux nul part.
C’est aussi une femme dans la police. Minoritaire parmi des hommes machistes, elle doit subir toutes les réflexions désagréables et sexistes. L’auteure n’en abuse pas. Tous les jours, il est loisible, dans les transports en commun, d’entendre des réflexions pires que celles rapportées. L’ire de Maeve est, quelque fois, un peu exagérée.
« Par le feu », désormais disponible en 10/18, première enquête de notre lieutenant de police, prend pour point de départ un tueur en série surnommé « Le Crémateur » par les média parce qu’il brûle ses victimes après les avoir rouées de coups. Rebecca Haworth qui semble la dernière victime sera un cas à part et point de départ de la véritable investigation. Une histoire de jalousie, d’amour, de violences conjugales, de domination mais aussi de drogues qui touche les milieux aisés de la capitale.
Jane Casey ne nous cache rien de la vie sentimentale de Maeve, personnage qui fait partie intégrante de l’histoire par le jeu littéraire de faire parler l’ensemble des protagonistes. Il faut avouer que c’est quelque fois un peu répétitif et un peu bavard.
« Dernier jugement » permet de retrouver Maeve qui a déménage dans un autre quartier de Londres, un peu plus abandonné que le précédent – « Par le feu » décrit un intérieur cossu – avec des loyers plus bas, problème essentiel dans la capitale britannique.
Une intrigue curieuse pour ce « Dernier jugement ». Un criminel de haut vol revient pour retrouver sa fille de 14 ans enlevée par un pédophile via les annonces par Internet. Original point de départ qui n’est pas suffisamment travaillé. La complexité n’est pas creusée. Plus exactement, elle est trop vite abandonnée pour une violence sans objet.
Les aventures de Maeve continue, amoureuse qu’elle est de son collègue Rob. Son voisinage va se révéler plus dangereux qu’elle ne le supposait.
Au total, cette série se lit avec plaisir tout en se disant que si l’auteure avait un peu élaguée son texte, éviter du bavardage, l’enquête aurait pris de l’épaisseur. Il faut savoir en dire moins et faire confiance à l’intelligence du lecteur. Nous attendons la suite pour savoir ce que deviendra cette grande détective…
Nicolas Béniès.
« Ceux qui restent », « Par le feu », Jane Casey, 10/18 ; « Dernier jugement », Jane Casey, Sang d’encre/Presses de la Cité. Le tout traduit par Cécile Leclère.