Diva du jazz, Sarah Vaughan.
Sarah Vaughan, très tôt, soit dés son entrée dans l’orchestre d’Earl Hines, elle a à peine 20 ans, fut surnommée « Sassy ». Alain Gerber, dans sa présentation, traduit ce surnom par « l’Effrontée ». Mon dictionnaire de « Slang » rajoute « aguichante » et « Osée ». Elle répondit à ces définitions sa vie durant, allant même mettre en scène un érotisme assez poussé. Elle le pouvait. Outre sa tessiture vocale, semblable à celle des divas d’Opéra, elle savait jouer de tous ses charmes.
« The Divine », son deuxième surnom, était tout autant mérité. Elle fut divine de par ses talents, son génie qui transformait les chansons, les « standards » pour en faire du Sarah Vaughan. Elle est de la même stature que tous les autres génies du jazz. Certains thèmes à la mode lui ont résisté comme ces chansons des Beattles décidément trop loin du jazz.
Vers la fin, elle se trouva dépassé par l’air du temps qui faisait passer ses poses pour de la frime. Elle n’évita pas le trop plein d’elle-même, se prenant au sérieux avec un esprit de sérieux bien loin du jazz.
Il n’empêche. Elle ne fut pas loin d’atteindre la perfection comme le démontre ce volume 2 qui lui est consacré, dans la collection Quintessence. Un témoignage ahurissant de maîtrise mais aussi de grâce, d’ironie, de distance, de décontraction. Particulièrement, dans les séances de studio réalisées à Paris avec comme arrangeur et chef d’un orchestre à cordes, Quincy Jones. Les « puristes » devraient réécouter ces faces pour apercevoir une musicienne forte de son art, capable de toutes les aventures, servies par le talent du faiseur de rois et de reines. Une manière aussi de fêter Quincy…
Elle sera aussi en compagnie de Roy Haynes, batteur d’une intelligence nécessaire à la mise en valeur de la chanteuse et du pianiste/arrangeur Jimmy Jones qui la suivra pendant une grande partie de ces années là.
Les enregistrements du premier volume pâlissent de la comparaison. Ces années 1950-1961 signent son apogée. Les commentaires de Alain Tercinet éclairent à la fois la virtuosité et les travers de la musicienne.
Pour les néophytes, ce double CD leur permet de rencontrer Sarah Vaughan et de tomber sous le charme pour leur vie entière, pour les autres, c’est l’occasion de l’entendre de nouveau, de la redécouvrir une nouvelle fois pour se rendre compte de la nécessité d’être avec elle. Une manière de renouer des liens quelque fois trop distendus, de se rendre compte que l’écoute de Sassy est toujours salutaire.
Nicolas Béniès.
« Sarah Vaughan, New York – Paris – Chicago, 1950-1961 », livret de Alain Gerber et Alain Tercinet, Quintessence/Frémeaux et associés.