Nouveautés jazz (7)


Un son d’époque ?

Un groupe qui prend comme nom « Z comme… » est susceptible d’attirer l’attention. Le feuilleton télévisé de ce Don Diego et du sergent Garcia a, bizarrement, traversé les générations.
Z commeCes jeunes gens – Julien Behar (saxophone alto surtout, clarinette et flûte), Christophe Chaïr (percussions), Rémi Gadret (basse), Philippe Rak (vibraphone) – se réfèrent à la fois aux groupes de John Zorn et aux musiques dites du monde comme beaucoup de groupes d’aujourd’hui. Il faudrait les réunir pour permettre une confrontation/discussion et avancer vers une esthétique commune.
Musiques de la Méditerranée bien sur, mais aussi, surtout – John Zorn oblige -, ces musiques issues de la tradition juive de l’Europe de l’Est revue et corrigée par les cultures présentes aux États-Unis donnant cette musique Klezmer qui ne pouvait naître qu’aux États-Unis. La culture yiddish a alimenté le jazz dans ses premiers temps. Cet affluent a pris son autonomie et se nourrit à son tour du jazz et des musiques contemporaines pour créer une nouvelle forme.
Elle suppose une très grande énergie. L’enregistrement est un frein à ces débordements nécessaires. C’est un groupe qu’il faut entendre en concert.
Le disque, « Mockba 80 » – une composition du saxophoniste – ne peut donner qu’une idée de cette présence. Cette auto production veut faire connaître le groupe tout en permettant d’entrer dans son monde, un « work in progress » bien entendu.
La différence tient aux instruments et à un parti pris. Les percussions évitent la pulsation ternaire de la batterie de jazz alors que le vibraphone, joué dans la grande tradition virtuose de Gary Burton ou de Mike Mainieri, la rappelle. Ainsi la pulsation est à la fois éloignée et proche pour laisser planer une incertitude qui est celle de toute la musique de ce 21e siècle commençant. La structure du groupe donne au vibraphone la place du piano et au saxophone le rôle prédominant. Les deux thèmes de John Zorn donnent la tonalité générale, tout en lorgnant vers les musiques arabes, les seules à rester populaires et dansantes. Ils arrivent, parfois, à dépasser le collage pour arriver à un véritable métissage, le métis étant un résultat et un genre résultat dialectique de la confrontation des cultures…
Un groupe qu’il faut suivre et à ne pas manquer en concert.
Nicolas Béniès.
« Mockba 80 », Z comme, rens. zedcomme@gmail.com, à écouter sur http://zcommemusic.blogspot.fr/