Le jazz débarque
Sur les cotes de l’Ouest, le jazz a débarqué deux fois. Les 31 décembre 1917/1er janvier 1918, respectivement à Brest et à Saint-Nazaire pour permettre l’arrivée d’une partie des troupes si l’autre bateau rencontrait des torpilles allemandes. Et le 6 juin 1944, ce jour le plus long est plus connu que le premier.
Cette première arrivée du jazz via ce régiment les « Hellfighters » conduit par le lieutenant Jim Europe Reese, chamboulera les mondes intellectuels en Europe. Particulièrement en France. L’histoire d’amour du jazz et de la France commence là.
Le deuxième aura d’autres effets. le bebop entraînera une « bataille d’Hernani », grande spécialité française. On se battra à coups de poings, à coups de sifflets, d’applaudissements pour ou contre cette révolution, pour ou contre Dizzy Gillespie et son grand orchestre, à Pleyel fin février 1948, pour ou contre Charlie Parker, vedette du deuxième festival international de jazz en mai 1949, organisé par Charles Delaunay.
Le monde bascule, le jazz lui donne son beat pour accompagner cette mutation.
Jazz, musique du 20e siècle qui fait partie intégrante de l’histoire de ce siècle. Toutes ses révolutions esthétiques ont rythmé le siècle.
Pour entendre le siècle passé en un jeux de miroirs entrer paroles et musique.
Pour entendre aussi la voix de Sim Copans, créateur des émissions de jazz sur les antennes de la RTF, le nom de la radio service public en ces temps lointains où le mot même de privatisation ne faisait pas partie du vocabulaire courant.
Le rendez-vous est pris…
Nicolas Béniès.
Note : le film « Stormy Weather relate le retour de ces combattants de la première guerre qui se sont battus dans les tranchées aux côtés des troupes françaises certains accumulant les citations. L’armée américaine n’a jamais voulu reconnaitre leurs « mérites » – au sens militaires – parce qu’ils étaient Noirs. Certains d’entre eux sont donc restés en France, à Paris pour animer les Nuits de cette folie furieuse de plaisirs, sorte de réponse à la Première Barbarie.
Le film raconte l’histoire de Bill « Bojangles » Robinson, le plus grand des « sandmen », ces premiers danseurs de claquettes. Un film qui fais voir les performances de tous ces artistes des années 20-30 à commencer par Cab Calloway ou les Nicholas Brothers, Lena Horne… Une sorte de nostalgie des temps déjà anciens au moment où le film est sorti aux États-Unis en 1943 et, en France, en 1945, sur les Champs-Élysées, pour fêter la Libération avec le monde en train de se défaire.