Lyon, 1920.
La première guerre mondiale a laissé des traces. La grippe espagnole aussi qui aurait autant de morts que la Grande Boucherie. La France se réveille du cauchemar. Un cauchemar qui n’en finit pas de renaître sous des cendres chaudes. La guerre a permis aussi des découvertes médicales et scientifiques.
A Lyon, dans ces années 20, une série de crimes visent des femmes âgées atrocement violentées par un objet non déterminé. Les vieilles familles lyonnaises du textile gardent jalousement leurs secrets à l’image des vieilles familles britanniques ou américaines qui font le bonheur de toutes les histoires de roman à clés.
Odile Bouhier, dans ce climat d’après guerre lyonnais présente une double figure de « détectives privés », un commissaire, Victor Kolvair et un scientifique, Hugo Salacan, créateur de cette « police scientifique » qui prendra le relais des fameuses « brigades du Tigre » – créées bien sur par Clemenceau – pour alimenter des enquêtes reposant sur des constations objectives pour éviter les aveux obtenus par des procédés plus ou moins légaux. Il fallait un troisième personnage, incarnation des cauchemars de la guerre, pour parfaire les intrigues.
« Le sang des bistanclaques » fait référence à la fois aux crimes et à l’environnement, ces capitalistes lyonnais innovateurs dans la création de produits et réactionnaires dans leur vie de famille. La folie se mêle à la rationalité. Les bistanclaques sont les machines à tisser des ouvrières du textile.
Une histoire triste de castration bien dans le climat de cette époque. Il faudrait plus de noirceur toute fois pour que le lecteur se sente un peu plus bousculé. Tel que, ce roman lance une série que nous sommes prêts à suivre.
Nicolas Béniès.
« Le sang des bistanclaques », Odile Bouhier, 10/18, Grands détectives.
De toutes les drogues…
Caryl Férey – un des auteurs modernes qui font vivre le polar – s’est associé à Sophie Couronne pour une aventure du Poulpe, un détective privé de notre époque résolument moderne qui a vécu sous les plumes d’une multitude d’auteurs. « D’amour et dope fraîche » mêle les drogues, celles des sportifs comme celle qui enlève toute réaction et fait perdre la mémoire. Des liens se tisseront entre l’agression dont est victime Chéryl, l’éternelle fiancée du Poulpe et le suicide auquel il assiste alors qu’il se soigne dans un centre de remise en forme. La scène de fin est grandiose et guignolesque à souhait. Qu’est ce qu’il ne faut pas faire pour gagner des compétitions et ce n’est pas Lance Armstrong qui démentira les auteurs.
Un de ces petits polars dont on sort ragaillardi, qui permet de voir le monde à la fois tel qu’il est et caricaturé. A méditer.
Nicolas Béniès.
« D’amour et dope fraîche », Caryl Férey, Sophie Couronne, Folio/Policier.
Retour vers les années sixties…
Un homme est étendu sur un lit d’hôpital. Il a été agressé. Il a failli mourir. Il ne peut plus parler et ne peut s’exprimer que par ses paupières. Mais il refuse de communiquer. Seul le masseur réussira à entrer en communication avec lui. Pour son plus grand malheur.
Une intrigue à plusieurs niveaux. L’histoire d’un batteur de rock dans ces années de folie qui jouera avec Clapton et beaucoup d’autres et aura la mauvaise idée de participer à un enregistrement non destiné à la vente. Par hasard, il découvrira le pot aux roses. Et une succession de disparitions s’ensuivra…
L’histoire de la guerre du Vietnam et des recherches scientifiques pour provoquer des réactions bestiales. Une explication des massacres commis par les Gis est ici proposée. Elle est curieuse et s’agrémente d’explications sur les sons et les ultra sons. L’angoisse n’est pas loin. Un album des Beattles sert ici d’exemple. Pour ceux et celles, trop jeunes pour avoir connu ces allégations, ce sera une découverte. Pour les autres une confirmation.
L’histoire encore de meurtres inexpliqués…
« Back up » – le titre choisi par Paul Colize – mélange intelligemment les fils d’une génération qui a eu le rock comme fil d’Ariane. La bande son de départ est très révélatrice qui part de Chuck Berry pour arriver aux Pink Floyd et Toto en passant par Elvis Presley bien sur, les Shadows – Apache a marqué cette génération -, le bluesman Jimmy Reed, les Beattles et les Rolling Stones, Cream et tout le reste.
La couverture, très chargée, indique le contenu. Une sorte de travail de mémoire et d’hypothèses sur les assassinats commis par la CIA et les services dits secrets. Malgré quelques moments de faiblesse, les intrigues tissent un matériau qui résiste.
Nicolas Béniès.
« Back up », Paul Colize, Folio/Policier.