ça va mieux ?

La crise entre parenthèses

L’analyse de la conjoncture ne peut se limiter à un seul pays. La croissance de l’économie française a enregistré un léger mieux au premier trimestre de 2016, suivant les estimations de l’INSEE provoquant un tonnerre de cocoricos. Pourtant, la situation de l’économie mondiale reste dominée par deux dangers principaux : le ralentissement de l’économie américaine et la politique monétaire de la FED comme de la crise ouverte en Chine.

En convalescence ?
L’économie française « va mieux » et ce n’est pas seulement François Hollande qui l’affirme mais aussi l’INSEE dans son estimation de la croissance du PIB pour le premier trimestre 2016. qui avait prévu 0,4%, et ce serait – l’estimation peut-être revue – 0,5. Pas de quoi fouetter un chat ? Que nenni prétend Michel Sapin, le ministre des finances, c’est une très bonne nouvelle qui a été associée à la baisse du nombre de chômeurs de la catégorie A… pour grossir les catégories B et C, une manière de passer du chômage à la précarité.
La hausse limitée de la croissance s’explique par l’augmentation de la consommation des ménages, +1,2%, moins par celle de l’investissement des entreprises. Pourtant, les marges brutes des entreprises – les profits – se sont bien redressées par l’action sous l’effet du CICE et du « pacte de responsabilité » mais sans action sensible sur l’investissement productif…faute de demandes solvables suffisantes. Il faut rajouter que la consommation des ménages n’avait guère progressé après les attentats de novembre 2015. Un rattrapage a eu lieu, en même temps que les soldes au premier trimestre de 2016. Ce résultat risque d’être une exception. D’autant que la zone euro connaîtra une faible croissance de l’ordre de 1,6%, suivant selon la Commission Européenne, et se trouve minée par la récession en Grèce et en Espagne. La politique d’austérité est sur la sellette malgré les injonctions de Bruxelles pour encore plus baisser les retraites et compresser les minima sociaux. Une politique qui se traduira par la poursuite du processus déflationniste malgré la politique expansive de la BCE.

Deux principaux dangers
Plus encore, la conjoncture de l’économie mondiale reste dominée par deux dangers.
Le ralentissement de l’économie américaine se confirme de jour en jour. Au premier trimestre 2016, la croissance s’est affichée à + 0,5%, la pire performance depuis 2 ans. Il Cela rend totalement incertaine la politique monétaire de la FED, la banque de réserve fédérale. Poursuivra-t-elle dans la voie de l’augmentation de ses taux directeurs ? Rompra-t-elle totalement avec la création monétaire ? Si c’était le cas, le cours du dollar face aux autres principales monnaies hausserait et aurait pour conséquence d’augmenter le poids de la dette, privée surtout, dans tous les pays dominés aggravant la récession actuelle.
Le deuxième danger vient de la crise financière et économique qui sévit en Chine. Pour le moment, le gouvernement chinois, par une politique du crédit de nationalisation de certaines activités, une réforme de la fiscalité – l’introduction de la TVA – a réussi à différer l’entrée dans la crise ouverte sans s’attaquer à ses causes profondes. La crise boursière d’août 2015 à Shanghai détermine des comportements irrationnels qui s’est se sont traduits dans la semaine du 1er mai par une spéculation effrénée sur les matières premières qui ont bondi dans des proportions jamais vues résultat de la seule spéculation. Les autorités chinoises ont été obligées d’intervenir pour éviter la surchauffe. Dans le même temps, le marché obligataire chinois – le marché de la dette –, le troisième du monde, s’ouvre aux spéculateurs étrangers faisant monter les cours. La dette privée chinoise a bondi de 40% sur un an, pour le premier trimestre 2016. Le risque de faillite n’est pas à exclure qui aura par là-même des répercussions sur l’économie mondiale. Des signes qui ne trompent pas sur la profondeur de la récession à venir…
Les marchés financiers globalement sont rongés par l’incertitude. Les opérateurs regardent du côté du cours du pétrole. Il monte, les cours des Bourses suivent… sans prendre en compte que ce cours du pétrole est lui-même le résultat de la spéculation. Les banques sont menacées à la fois par les taux d’intérêt faibles ou négatifs et par toutes les « affaires »…
Il serait temps de changer toute l’orientation de la politique économique…
Nicolas Béniès.