Faible croissance mondiale, crise financière…

Les nuages noirs s’accumulent.

Toutes les institutions internationales se rejoignent pour prévoir une croissance mondiale inférieure à 3% et cette prévision est continuellement revue à la baisse, la déflation dans les pays capitalistes développés s’inscrit dans la réalité et la crise financière n’en finit d’être combattue par les banques centrales. Dans ce contexte, l’économie française peut-elle connaître une embellie ?

Suivant la dernière Note de conjoncture de l’INSEE datée du 17 mars, l’économie française bénéficierait d’une croissance de 0,4% par trimestre et d’une baisse du chômage en juin de moins 0,1% grâce à la reprise, constatée, des créations d’emploi. Cette croissance serait tirée par les exportations vers les autres pays de l’Union Européenne et plus spécifiquement la zone euro par le biais d’une compétitivité retrouvée. Autrement dit, la baisse du coût du travail sera plus importante en France que chez les partenaires européens. S’agit-il là de la fonction du projet de loi sur le travail ? La baisse des cotisations sociales des entreprises et les aides diverses gouvernementales – CICE, Pacte de responsabilité – au prix d’attaques répétées de la protection sociale ont permis d’augmenter les profits des entreprises/L’INSEE prévoit donc une hausse timide des investissements.

Et la crise financière ?
Cette prévision, pourtant, est un peu surprenante. L’environnement international, reconnaît l’INSEE, est et sera marqué par la baisse de la croissance mondiale via la récession qui sévit dans la plupart des pays émergents et la crise profonde, de surproduction, qui secoue l’économie chinoise. L’institut continue d’insister sur la baisse des prix du pétrole qui pousserait la consommation des ménages à la hausse sans voir que cette même baisse provoque des effets négatifs sur l’ensemble des pays exportateurs de pétrole d’un côté et alimente la crise financière de l’autre.
C’est la grande oubliée de cette Note. La crise financière bat son plein limitée par les interventions de la BCE et, plus globalement, de toutes les banques centrales. Le jeudi 10 mars, Mario Draghi a annoncé un renforcement des mesures précédentes. Le taux directeur principal est passé de 0,05% à 0% permettant aux banques de bénéficier d’un refinancement gratuit, le « Quantitative Easing » (Q/E), soit la création monétaire, est passé de 60 à 80 milliards par mois avec un élargissement des achats de titres, plus seulement des obligations d’État mais aussi celles des grandes entreprises – une nouveauté à ce niveau. Conséquence immédiate, les levées de dettes d’entreprise battent leur record hebdomadaire, comme le titre « Les Échos » du 17 mars. La BCE tire ses dernières cartouches. Ses décisions restent, pour l’essentiel, toujours confinées au secteur financier sans qu’elles aient un effet sur l’investissement et la consommation des ménages. Pour ce faire, la BCE devrait financer directement des grands travaux d’infrastructure, pour répondre, notamment, à l’urgence de la crise économique et des mutations climatiques. Dans le même temps, l’inflation augmenterait faisant reculer la déflation qui reste inscrite dans toutes les prévisions y compris celle de l’INSEE.
Les marchés financiers ont été rassurés, dans un premier temps, par l’importance de ces mesures. Ils restent dominés par l’incertitude et le risque d’une explosion. Le décalage entre une croissance faible et une hausse des cours ne peut pas durer. Les indices ne manquent pas. Augmentation des cours de l’or, difficulté des banques d’investissement incapables de répondre à des taux d’intérêts très bas qui restreignent leur bénéfice, le yo-yo du dollar causé par la politique monétaire hésitante de la Fed et, le dernier mais non le moindre, l’absence totale de construction d’un futur par les gouvernants.
La seule politique monétaire n’arrêtera pas la marche de la crise financière et de la récession profonde qui s’annonce. Cette fois les grandes banques pourraient disparaître…
Nicolas Béniès.