Mary Lou Williams une compositrice tirée de l’oubli

Visite des mémoires du jazz.

Le « Umlaut Big Band » se plaît à redonner une actualité aux grands compositeurs du jazz. Une plongée dans l’histoire liée à la joie de recréer fait tout le prix de ces arrangements. Dirigé par le saxophoniste alto Pierre-Antoine Badaroux, l’orchestre, soudé, fait aussi la part belle aux solistes qui ne se perdent pas dans les méandres de la copie mais expriment leur sensibilité, leur manière d’investir les compositions. Pour le dernier opus – un double album enregistré, s’il vous plait, à la Philharmonique de Paris -, c’est à Mary-Lou Williams qu’ils se sont adressé. « Mary’s Ideas », les idées de Mary sont nombreuses et brûlent tous les styles de jazz. Compositrice et pianiste vedette de l’orchestre d’Andy Kirk dans les années 1930, elle devient la prof de Thelonious Monk pour terminer en duo avec Cecil Taylor qui ne laissa aucun chance au dialogue, un album Pablo en témoigne. Entre-temps, elle travailla pour Duke Ellington et laissa des manuscrits non utilisés à ce jour dont s’est servi le « Umlaut ». Elle avait, comme Lil Hardin avant elle, constitué un orchestre de musiciennes.
Contrairement à une idée répandue, les femmes sont présentes dans le jazz dés l’origine mais, comme dans toutes les sphères de la société, une fois mortes, elles disparaissent des mémoires.
Pas seulement une erreur, une faute. Elles font partie intégrante de notre patrimoine. Quand le patrimoine rencontre le matrimoine, la mémoire collective est toute ravie de se retrouver.
Le Umlaut réussit le tour de force de nous rendre la compositrice Mary Lou Williams (1910-1981) contemporaine. Une réussite.
Nicolas Béniès
« Mary’s Ideas », Umlaut Big Band, deux CD, distribué par l’autre distribution