Ulster, 1983
Adrian McKinty réussit avec « Ne me cherche pas demain » ce qu’il faut bien appeler un tour de force : nous intéresser à une sempiternelle intrigue de meurtre en salle fermée. Le contexte de la guerre civile en Ulster, en cette année 1983, l’aide beaucoup. Il décrit les peurs, les angoisses mais aussi la réalité des attentats comme la place étrange de l’inspecteur Sean Duffy, catholique dans une police protestante. Il est considéré comme un traître des deux côtés.
Pour le meurtre en chambre close, les références sont multiples et toutes les théories sont connues de tous les amateurs de ce type de roman policier. L’auteur se donne le plaisir d’en citer quelques-unes unes à commencer par celle de Edgar Allan Poe en se permettant de critiquer le présupposé de la fenêtre ouverte.
Une enquête nécessaire pour réaliser sa mission que lui ont confiée les services secrets britanniques : retrouver un évadé, membre de l’IRA en train d’organiser un attentat contre Thatcher, alors Première Ministre – en lutte aussi contre les mineurs britanniques. Peu de pistes pour situer Dermot McCann, l’artificier, ami d’enfance de l’inspecteur sinon la résolution de l’enquête du meurtre de la sœur de l’ex épouse d’icelui.
La solution, comme d’habitude, viendra de la recherche et de la réponse à la question sempiternelle « à qui profite le crime ? ». Une fois le coupable trouvé, l’astuce de l’illusionniste apparaîtra clairement.
Le décor planté fait, pourtant, l’intérêt principal de ce roman. La fin étrangement juste en ces temps marqués par le Brexit et le renouveau des tensions en Irlande du Nord. Le dernier chapitre ouvre la porte à des analyses intéressantes de ce conflit sans fin.
Nicolas Béniès
« Ne me cherche pas demain », de Adrian McKinty traduit par Laure Manceau, Actes noirs/Actes Sud
PS La mode impose une bande son, celle de l’année 1983 of course, ici Tom Waits. L’auteur reprend le titre d’une des compositions de Tom : « I’ll Be Gone ».