Le risque géopolitique de l’éclatement du Moyen Orient.
Alexandra Schwartzbrod s’est lancée dans un cycle consacré à Israël dans un avenir indéterminé. « Les lumières de Tel-Aviv »en est la dernière manifestation. Le mur, ouvrage de division voulu par « Bibi », veut séparer les Palestiniens des Israéliens, pour isoler, découper les villages palestiniens et empêcher la naissance d’un territoire qui pourrait servir de bas à la définition d’un État séparé de celui d’Israël. Elle met en évidence la réalité. La négation des droits des Palestiniens, les sous citoyens que sont les Arabes israéliens et le domination de plus en plus, visible de la corruption et de la religion via les petits partis qui pèsent dans les coalitions parlementaires. Le poids croissant de la mafia russe est une autre composante de l’Israël d’aujourd’hui.
Si, demain, le Grand Israël était gouverné par les ultra orthodoxes avec à leur tête un ancien détenu pour corruption qui s’est refait une santé, le mur pourrait séparer les Résistants, ceux et celles qui n’acceptent pas que la Religion domine la société civile, des tenants de l’ordre religieux enfoncés dans leurs préjugés et leur intolérance sans forcément en prendre conscience. Il faut un choc pour ouvrir la porte à la compréhension du monde. Et cette clairvoyance fait mal détruisant toutes les prisons qui permettent de vivre à l’abri de certitudes. Tel-Aviv serait la Capitale de la résilience. La définition va bien à cette ville étrange qui sait mélanger le sordide et le luxe dans un paysage souvent grandiose.
Le monde serait changé. L’antisémitisme triompherait de nouveau. Hydre immortelle faisant d’Israël la terre de survie des Juifs confortant ainsi les Religieux.
Alexandra Schwartzbrod dresse, dans ce contexte, les portraits croisés de proches du régime – Golan est le nom du Premier Ministre – qui refusent de cautionner un système de robots tueurs de résistants venus de la fédération de Russie qui a jeté sa gourme sur Israël, de femmes fortes et combatives venues de Turquie ou d’ailleurs, résilientes, engagées, d’un ancien flic et de groupes qui se refusent à la violence.
Les individus sont sauvés par l’amour mais pas le monde secoué par toutes ces montées de haine pour permettre aux gouvernants de rester en place.
Nicolas Béniès
« Les lumières de Tel-Aviv », Alexandra Schwartzbrod, Rivages/Noir.