Les musiques grecques et orientales
Dominic Ntoumos, trompettiste de jazz, grec et amateur de musique électro a voulu réunir toutes ses racines dans ce « Back to the roots ». Le bouzoukis – Evangelos Tsiaples – apporte la touche essentielle de la mémoire de la musique « Rembetiko », sorte de blues, des migrants arrivés dans les années 1920, chants de prisonniers, de parias, d’exclus, comme le chant de Sotiris Papatragiannis sur des compositions du trompettiste. Le collage avec les autres musiques du pourtour de la Méditerranée mâtiné d’une touche tsigane donne à la trompette une sonorité originale. Les compositions s’inscrivent délibérément dans toutes ces traditions.
Les origines diverses des musiciens, Maxime Zampieri à la batterie, Greg Chainis à la guitare, Javier Breton à la basse auxquels se rajoutent Marcel Râmba au violon et Mehdi Haddab à l’oud pour convier les cultures tsiganes et arabes. Un melting pot bien dans l’air de notre temps, celui qui veut lutter contre toutes les exclusions pour aller vers la fraternité et la sororité.
Une musique joyeuse, dansante avec des éclats bleutés, davisiens – difficile d’éviter la référence –, aux couleurs arc-en-ciel de cultures qui savent faire bouger le corps et l’âme.
Nicolas Béniès
« Back to the roots », Ntoumos, SABAM Cat Ntoumos
Jazz et Funk pour…
Secouez les têtes.
Un groupe, lillois, qui a choisi comme nom « The HeadShakers » n’a pas le droit de démériter du funk, celui de James Brown, comme de rock, celui de Frank Zappa et doit se trouver des compagnons idéalement reliés à tous ces grands-parents. Pour cet album, intitulé sobrement « The HeadShakers », les invités ont nom Dréo, chanteuse, présente sur deux compositions du groupe, Fred Wesley, tromboniste qui a participé aux groupes de James Brown, sur un titre qui dit bien ce qu’il est : « Architect of funk » et Russell Gunn, trompettiste, sur un standard du jazz, « On Green Dolphin Street » pour indiquer aussi que le jazz reste la référence principale.
Toutes les influences se donnent rendez-vous pour une musique de la transe, de la danse pour unir toutes les cultures.
Nicolas Béniès.
« The HeadShakers », theheadshakers.com ou contact@theheadshakers.com
Le jazz et les percussions
Les pulsations du jazz.
Xavier Desandre Navarre, percussionniste et un peu batteur, avait réussi un coup de maître avec un album intitulé sèchement et justement « In-Pulse ». Comme le titre l’indiquait clairement il fallait que ça bouge et c’était le cas. Il faut dire qu’il s’était entouré de rien de moins que de Stéphane Kérecki à la contrebasse, Stéphane Guillaume aux saxes et à la clarinette basse et de Emil Spanyi au piano. Récidiver était-ce une bonne idée ? « In-Pulse 2 » arrive à relever le défi. Le quartet fait l’affaire, nous convainquant de la nécessité de cette suite. L’enthousiasme est moindre mais les compositions gagnent en profondeur comme si les quatre protagonistes avaient acquis une sérénité nouvelle due, peut-être, au parrainage de Khalil Gibran, écrivain libanais.
Le tout reste marqué du sceau du jazz, de cette danse qui se libère dans des odeurs de sueur, de sang et des larmes pour rire de ce monde souvent grotesque.
Nicolas Béniès
« In-Pulse 2 », Xavier Desandre Navarre, Cristal Records.
Le jazz et ses trios
Conversation
Le contrebassiste Gary Brunton, grand breton a rencontré, à Paris comme il se doit, le pianiste serbo-croate Bojan Zulfikarpasic au cours du CIM – disparus depuis. Le titre qui ouvre l’album, « 83 bis » fait référence à l’adresse du CIM, 83 bis rue Doudeauville, et à leur amitié faite de discussion sur la musique, le jazz et ses racines. Bojan aura besoin de Michel Portal pour revenir à la musique de son enfance. Dans leurs pérégrinations parisiennes, de club en club, ils trouvent un troisième, toujours nécessaire pour faire vivre la musique, le batteur Simon Goubert, dans la lignée d’Elvin Jones avec cette énergie profonde, farouche qui perce tous les à peu près.
Si l’on suit bien, cet album raconte les histoires de rencontres, de conversations, d’influences aussi tout comme les fantômes vivants prés de nous, exerçant par leur présence un effet sur les musiques en train de se jouer. Un trio aux définitions à la fois précises – on pense bien sur à celui de Bill Evans – et floues. Chacun des trois s’efforçant de briser les lignes par sa volonté d’être lui-même. Les apparences classiques, douces comme la violence sociale qui ne dit jamais son nom, laissent apparaître une contrebasse aux lignes rationnelles dialoguant tout autant avec le pianiste et le batteur.
Les titres, souvent explicites, permettent de suivre le voyage du trio, chacun apportant une pierre de taille et légère à cette construction. Partir du CIM pour arriver à Riga, c’est le trajet nécessaire pour se trouver comme se retrouver, en bus de nuit bien évidemment – « Night Bus » est le titre générique de cet album qui ne peut pas vous laisser indifférent.
Nicolas Béniès.
« Night Bus », Gary Brunton, Juste une Trace