Compléments au « souffle de la révolte », Bibliographie générale

Bonjour,

La bibliographie proposée dans les compléments qui aurait dû figurer dans le livre (que l’on trouve sur ce site) n’est, évidemment, pas complète. Il y manque les ouvrages qui traitent soit de la première guerre mondiale soit des aspects de la vie en dehors de la musique.

Bruno Cabanes, dans « Août 14, la France entre en guerre » (Gallimard, Paris, 2014),décrit à la fois le ressenti des appelés sur le front après l’ordre de mobilisation générale et les tractations entre gouvernements allemands et français juste avant la déclaration de guerre. D’après lui, il semblerait que le gouvernement français n’était pas vraiment préparé à l’entrée, en guerre aussi rapide.
Les contemporains ont encore dans la tête la guerre précédente et dans le nez les senteurs de la caserne de la guerre de 1870 et ses souvenirs malgré le changement de génération. Les jeunes gens ne savent pas que la guerre a changé de niveau, qu’il s’agit d’une guerre mondiale, de partage du monde. Ils ne savent pas encore qu’ils pataugeront dans la gadoue des tranchées, la saleté, la vermine et qu’ils subiront les effets meurtriers de chefs souvent incompétents dont les enseignements datent de la guerre de 1870.

Antoine Compagnon a choisi un autre angle de prise de vue, les écrivains. « La Grande Guerre des écrivains, d’Apollinaire à Zweig » (Folio Classique, Paris, 2014) est un recueil de textes qu’il a choisis, avec la collaboration de Yuji Murakami, pour cette « descente aux enfers » monstrueuse.
Antoine Compagnon, dans sa préface, donne quelques indications sur le contexte. 1913, une année « magique pour le modernisme international. » En France, Alcools, La Prose du Transsibérien, Le Grand Meaulnes, Du côté de chez Swann pour l’avènement d’Apollinaire, de Blaise Cendrars, de Alain Fournier, de Proust aux côtés de Barrès, Roger Martin du Gard, Péguy… Mort à Venise de Thomas Mann, « Dublinois de James Joyce, l’apogée du futurisme, la création du Sacre du Printemps…
Après 1913, « le rideau tombe » sur le 19e siècle. La guerre ouvre la porte au 20e siècle. Le traumatisme de la guerre ne sera pas oublié, il structurera littérairement cet après guerre qui deviendra entre deux.
Frédéric Louis Sauser, Suisse pourtant, s’engage le 3 août 1914 comme auxiliaire étranger et versé dans la légion étrangère. Il sera naturalisé français en février 1916, démobilisé en août après avoir été amputé du bras droit, ce « bras fantôme » qui le fera souffrir sa vie durant. Son témoignage, « J’ai tué », édité en lettres rouges avec 5 dessins de Fernand Léger, autre combattant rescapé, est paru le 8 novembre 1918. Sauser était devenu Blaise Cendrars pour l’éternité. ce texte a un énorme pouvoir d’évocation à la fois de la féérie de la guerre et de ses monstruosité comme de ces miracles qui sauvent ou tuent au hasard ou des ordres venus d’un État-major bien protégé qui ne veut rien savoir des conditions dans les quels les hommes vivent et meurent.
Beaucoup plus tard, en 1946, Blaise Cendrars, dans « La Main Coupée » racontera la douleur persistante de son bras amputé mêlée aux souvenirs de la guerre. Deux traumatismes qui s’ajoutent.
Bien d’autres témoignages de l’horreur de cette guerre sont aussi à lire.
Pour faire attendre la suite, une reproduction de pochette des enregistrements de Jim Europe :

Nicolas Béniès (à suivre)