JAZZ, Rattrapages (toujours..)

Échos du 20e siècle.

Le 4 décembre 1999 – un quasi anniversaire – se retrouvaient sur la scène du jazz club de Neuburg – en Allemagne – le « Birdland », Lee Konitz, saxophone alto comme toujours et Kenny Wheeler, trompette et bugle (flugelhorn sonne mieux) pour un échange en forme de mémoires. L’un arpente le monde de Lennie Tristano (Lennie’s, une des compositions de Lee Konitz), l’autre celui de la scène britannique des années 60 et d’Anthony Braxton pour se libérer de tout le poids du passé et pénétrer de plein pied dans le 21e siècle. Saxophoniste et trompettiste savent que le dialogue produit des étincelles. Surtout à ce niveau. « Olden Times » est le titre choisi par les producteurs, une composition de Kenny Wheeler, qui résument à la fois le projet – un solo du trompettiste faire écho à des compositions multiples, presque un quiz – et le temps qu’il a fallu pour faire paraître cet album.
Lee et Kenny ont l’habitude d’aller voir ailleurs si le jazz y est encore. Pour ce faire, ils n’ont pas craint d’emprunter des voies tracées par le pianiste, Frank Wunsch, ou du bassiste, Gunnar Pfümer, responsables d’une composition chacun. Pour un quartet de circonstance, l’interaction entre les quatre protagonistes tient du livre des records.
Lorsque l’enregistrement a été réalisé ni les musiciens, ni les producteurs n’étaient contents du résultat indiquent les notes de pochette. Il était donc resté inédit. Pour quelle raison 17 ans plus tard le publier ? Un souvenir, un regret ? Heureusement pour nous. L’intrigue qui se noue intéresse, provoque du plaisir tellement qu’on pourrait croire qu’il est de demain.
Quelque chose s’est passé ce jour là. Comme souvent le club permet de laisser libre la créativité. Il faut dire aussi que les producteurs ont revu l’ordre des morceaux et se sont servis de la technologie d’aujourd’hui pour rendre audible le saxophone de Lee qui se moquait des micros pour déambuler sur la scène. Ne ratez pas cette fausse-vraie nouveauté. Le jazz connaît ces moments de grâce. N’en doutez cet album en fait partie. L’humour, l’ironie ne sont pas absentes pour permettre le recul.
C’est aussi un hommage vivant à Kenny Wheeler qui nous a quittés le 18 septembre 2014 à 84 ans.
Nicolas Béniès.
« Olden Times », Lee Konitz Kenny Wheeler Quartet, Double Moon Records, distribué par Socadisc.