Plagiat ou ironie.
« Les 6 jours du Condor » – devenu 3 pour le film de Sidney Pollack sorti en 1975 avec Robert Redford – est un des grands romans d’angoisse et faussement d’espionnage jamais écrit. James Grady avait réussi un tour de force. Sa fin qui n’est pas une fin laissait planer une menace diffuse sur la vie du « Condor » qui essayait de combattre cette force opaque qui a nom CIA.
Grady a voulu récidiver. « Les derniers jours du Condor » se situe très loin dans le temps. Aujourd’hui, demain on ne sait trop. Vieil homme, sortant d’un asile psychiatrique, il se trouve de nouveau poursuivi. On en sait par quoi. On se doute que ce n’est pas la CIA, du moins pas celle d’hier mais une technologie. La série « Person of Interest » lui a visiblement servi de modèle. Une espionne lui sert de garde du corps, une femme qu’il aime se trouve mêlé à ce micmac. On devrait se sentir angoissé et ça ne marche pas. On n’y croit pas. L’histoire est trop décalquée de la première. Ce pourrait être ironique de la part de l’auteur. Rebattre les cartes de l’intrigue pour se trouver une nouvelle jeunesse en combattant les poids de la vieillesse. Je veux le croire. Mais la distanciation n’est pas assez grande. Peut-être manque-t-il l’humour qui permet de se moquer de soi-même.
Je ne sais pas comment un lecteur qui ne connaîtrait pas le précédent réagirait mais ce « remake » remis au goût d’un monde qui n’est plus celui du Condor ne peut pas convaincre. La construction, subtile, tourne à vide. Une idée d’éditeur ?
Nicolas Béniès.
« Les derniers jours du Condor », James Grady traduit par Hubert Tézenas, Rivages/Thriller