Barbarie bien pensée…
Les guerres d’aujourd’hui ne sont plus des confrontations d’États mais des affrontements privés pour asseoir un pouvoir sur un territoire et sur les consciences. Larry Tremblay, à travers trois personnages, des jumeaux Aziz et Ahmed – interchangeables donc, à leur convenance – et un enfant créé pour le théâtre, Sony incarné par Aziz, parle de l’embrigadement des fils permis par le père au nom d’un dogme religieux que personne ne veut remettre en cause. L’un des deux jumeaux doit mourir ainsi en a décidé le chef de guerre Soulayed pour venger la mort des grands-parents des deux jumeaux. Personne ne s’interroge pour savoir qui a fait exploser la maison. Ahmed se fera exploser tuant des enfants de son âge, 9 ans. Aziz ne pourra choisir que la porte de l’exil pour découvrir la réalité. Le théâtre sera sa roue de secours pour clamer au monde la réalité de cette guerre étrange où les motivations s’évanouissent pour laisser toute la place à la barbarie.
L’écriture poétique mais aussi le sens du théâtre, de la mise en scène donne à ce « roman » une force inespérée. « L’orangeraie », c’est son titre et le nom de l’endroit calme où les deux enfants s’ébattent avant d’être enrôlés dans un conflit qui n’est le leur, devrait être lue dans toutes les écoles.
N.B.
« L’orangeraie », Larry Tremblay, La Table Ronde, 181 p.