Redécouvrir Madeleine Pelletier

Christine Bard, spécialiste de l’histoire des féminismes, présente les « Mémoires d’une féministe intégrale », comme aimait se présenter Madeleine Pelletier (1874-1939), première femme médecin aux asiles d’aliénés. Socialiste puis communiste, elle rejoint l’extrême-gauche et la franc maçonnerie pour, partout, mener le combat féministe qui passe, pour elle, par la « virilisation des femmes ». Ses mémoires, éparses, dépendantes du temps qu’elle peut soustraire, permettent de retracer un parcours. Pour ne pas oublier Madeleine Pelletier.
« Mémoires d’une féministe intégrale », Madeleine Pelletier, Edition critique de C. Bard, Folio.

Dulcie September : Une féministe, entre toutes les corruptions
Dulcie, représentante de l’ANC à Paris a été assassinée le 29 mars 1988, rue des Petites Ecuries dans le 10e arrondissement. Six coups ont été tirés suivant l’enquête de police qui s’est arrêtée là. Les coupables n’ont jamais été retrouvés, encore moins les commanditaires. Benoît Collombat mène l’enquête aidé par Jacqueline Derens qui fut proche de la militante anti-apartheid, pour ouvrir des voies de recherches pour identifier les responsabilités. Les dessins de Grégory Mardon à la fois dévoilent et épaississent le mystère. Contrairement à un roman policier, la fin est ouverte.
Plusieurs pistes s’entrecroisent, celle de la bombe atomique sud africaine en lien avec Israël et la France – les Etats-Unis derrière – pour expliquer le silence des autorités françaises (Mitterrand est Président), la corruption à l’intérieur de l’ANC, les mercenaires de Bob Dennard et les opérations plus ou moins financées par l’Etat Sud Africain ou la France… Lucie se trouve au carrefour de toutes ces « affaires ».
La forme de la BD permet d’entrée de plein pied dans cette histoire dramatique sans trop de développements pour obliger le lecteur à participer. Une grande réussite. La justice n’ena pas fini avec Lucie September, l’Afrique du Sud non plus.
Nicolas Béniès
« Dulcie. Du Cap à Paris, enquête sur l’assassinat d’une militante anti-apartheid », B. Collombat et Grégory Mardon, Futuropolis