Polar taïwanais


Vu de Taïwan (Taipei)

Chang Kuo-Li se lance dans le polar après avoir écrit une trentaine de livres. Comme une nouvelle naissance. « Le sniper, son wok et son fusil » indique que la cuisine sera aussi de l’intrigue. Alex, surnom venant de la légion étrangère, Ai Li pour l’état civil, participe d’une confrérie qui, comme les Yakusa, rassemble ses « fidèles », tatoués, par un contrat de confiance et une solidarité qui se veut à toute «épreuve. Ils et elles obéissent à celui qui les a formé.e.s et les a conduits au sens le plus fort, dans leur carrière et dans leur vie. A Rome, Alex doit assassiner un conseiller du président taïwanais. Pourquoi ? Alex sera obligé de se poser cette question, pourchassé qu’il est par des forces anonymes qui le traquent. La réponse est un gage de survie. Il est « aidé par l’inspecteur WU en fin de carrière qui cherche aussi le pourquoi de l’assassinat et n’accepte pas, malgré son départ à la retraite, de renoncer.

Alex se souvient de ses années d’apprentissage en faisant des cauchemars, essayant de distinguer amis et ennemis. Une longue quête parsemée de la mort de ses camarades.
La description de Taïwan, cette drôle de Chine menacée par la grande, est un élément essentiel de ce livre qui se sert de tous les éléments du polar pour tenir en haleine le lecteur. Les pauses sont remplies de quelques recettes dont celle du riz sauté – le wok est l’instrument nécessaire –, de référence philologiques, mais elles sont courtes et ne laissent pas vraiment respirer. Si le titre n’était déjà pris, « A toute vitesse » aurait convenu.
Une réussite à la fois pour l’intrigue et pour la découverte de cette île étrange. Les deux aspects sont intimement liés mélangés à de l’ironie, de l’humour pour faire de l’histoire un conte plus vrai que vrai.
Nicolas Béniès
« Le sniper, son wok et son fusil », Chang Kuo-Li traduit du Mandarin (Taïwan) par Alexis Brossollet, Gallimard/Série noire.