… qui tisse sa toile noire
Les enquêtes de Jacub Motka, dit le Kub signées par Wojciech Chmielarz décrivent Varsovie noyée dans les brumes de la corruption et du grand banditisme, où « Les ombres » – titre évocateur – s’agitent avec ardeur.
Cinquième et dernière traque du Kub en prise avec un crime de deux femmes, la mère et la fille d’un gangster qui a failli tenir la capitale de la Pologne dans ses mains, un accusé trop évident et l’éternel « Boro » qui fait la pluie surtout et pas vraiment le beau temps. C’est la fin de ce monde. Apparaît un nouveau personnage très à la mode ces temps-ci, « Lazare », avocat d’affaires capable de peser sur toutes les décisions de la justice et de la police, maître chanteur des temps modernes tout autant que corrupteur, capable de faire sonner toutes les portes. Contrairement à Boro, il ne fait pas le travail lui-même mais paye d’autres pour le faire. Violeur à ses heures, son projet est d’assurer son pouvoir par tous les moyens. Un visage du capitalisme moderne revu et corrigé par les spécificités de la Pologne.
Un grand roman, pas seulement « policier ». Comme souvent, la sociologie n’est pas loin. L’assassinat des truands répond à la fois à des motifs de basse police et à des raisons plus personnelles. L’auteur arrive à peindre des personnages complexes et le dénouement repose sur le rôle ancien de la famille.
Une plongée nécessaire dans ce polar fortement ancré dans le monde contemporain tout en se servant de ce qui reste quand on a tout oublié de la religion.
Nicolas Béniès
« Les ombres », Wojciech Chmielarz, traduit par Caroline Raszka-Dewez, Agullo éditions.