Amours perdues jamais ne se retrouve ?

Recherche famille perdue

« L’écho des promesses » – un titre bien trouvé – fait partie de la catégorie docu fiction. Le point de départ a été le lot de bien des familles séparées par la guerre et le nazisme. Un amour passionné naît entre une jeune juive et un fils de banquiers qui trafique avec les autorités d’Occupation. L’antisémitisme le rapproche des nazis. La mère de Judith a eu une aventure avec Lica Grunberg qui demande à sa fille, Jacobina, avant de mourir, en 1982 à Montréal, de retrouver sa demi-sœur. Une promesse difficile à tenir et il faudra un concours où les circonstances vont gagner pour que ce soit possible.
Après, tout s’embrouille avec l’entrée en scène de Béatrice pour arriver à l’année 2006 et faire un tour à la Banque mondiale où elle travaille, à Washington, au service de presse. Description des petits chefs et des conditions de travail de cette banque étrange pour une française qui s’habille chez les grands couturiers. Il fallait que, dans sa vie professionnelle, des déboires pour qu’elle songe à s’occuper d’une vieille dame… Jacobina Grunberg.
Deux histoires d’amour se chevauchent à quelques 66 ans d’intervalle. La première, en 1940, est crédible. Judith et Christian, unis par les livres, trouvent l’amour dans une bibliothèque. L’autre, bizarre, passe par les institutions juives qui recensent les survivant.e.s de l’Holocauste pour une rencontre encore plus étrange. Cette histoire là semble une histoire de midinette. L’écriture se fait un peu plus paresseuse.
Pour un premier roman, Mélanie Levensohn a vu grand en mélangeant les époques, les souvenirs et toutes les promesses. Pas seulement aux morts mais aussi à soi-même. Des promesses trop souvent non tenues qui viennent détruire des vies, qui empêchent de vivre les proches. C’est la partie de ce roman qui emporte l’adhésion.
« L’écho des promesses » est une promesse de romancière. Débarrassée de quelques scories teintées d’eau de rose, elle devrait émerger en trouvant en elle plus de duretés que le monde actuel lui fournira en abondance. Le moteur tient dans la description à hauteur d’une jeune femme de 19 ans en train de subir dans sa chair et son esprit la chasse aux juifs de ces années d’occupation. L’autrice arrive à nous faire partager ce quotidien.
Nicolas Béniès
« L’écho des promesses », Mélanie Levensohn, traduit de l’allemand par Céline Maurice, Fleuve éditions, 393 p.